Les recensions journalistiques germanophones; dispositifs énonciatifs et enjeux métadiscursifs
Résumé
Partant de l’intuition bakhtinienne selon laquelle les mots sont habités par la voix des autres qui résonne lorsqu’on en fait usage tout en leur donnant corps avec notre propre voix (Bakhtine 1984 : 319), il faut admettre que l’unicité du sujet parlant n’est qu’une illusion. C’est ce que théorise O. Ducrot (1984 : 199-200) en distinguant le locuteur (celui qui parle) et les énonciateurs (ceux qui sont responsables des points de vue). Le rapport entre le locuteur et les énonciateurs a été notamment décrit par analogie au théâtre (Ducrot 1984 : 225) comme un modèle hiérarchique entre différentes voix. Tout énoncé est une mise en scène – plus ou moins montrée – d’instances énonciatives et de points de vue auxquels adhère ou non le locuteur. Notre propos ici est de comprendre l’articulation qui existe entre ces phénomènes d’hétérogénéité énonciative et la question du genre. Autrement dit, en quoi ces phénomènes inhérents à la langue et au discours peuvent-ils prendre des formes spécifiques et récurrentes caractéristiques d’un genre ?