L'Esprit des lieux et sa représentation dans la littérature et la peinture américaines du XIXè siècle
Résumé
The “Spirit of the place” and its representation in 19th Century American literature and painting.
Taking the notion of “genius loci” as a starting-point, this essay proposes to study the conquest of the New World in terms of “representation” and to discuss a fundamental question i.e. the interplay between the real, the seen and the imaginary in the process of artistic creation. The first two centuries of American art illustrate the gradual access to a specific verbal and iconic representation of an American landscape that was initially seen and interpreted according to parameters that were inappropriate because they were imported from Europe. Thus sensitiveness to a truly American or indigenous picturesqueness was delayed and thwarted on the one hand by the permanence of patterns of perception of a cultural order that were so internalized as to become instinctive, and on the other hand by an interpretative grid naturalized and sanctioned by a long pictorial tradition. Nature having no other aesthetic qualities than those that are projected upon her, the picturesqueness of the American landscape far from being a natural, intrinsic quality resulted from the gradual sloughing off of European prejudices which acted as a screen, and from the adjustement to a new environment. Thus it was to take almost two centuries for a new system/pattern of perception and interpretation to emerge, in other words, for the “visual myth” of America to take shape and enable American artists to endow their surroundings with coherence and meaning.
La notion d’esprit des lieux permet d’étudier la conquête du Nouveau Monde comme représentation et d’aborder une problématique fondamentale : celle des relations entre le réel, le perçu et l’imaginaire dans la création artistique. L’évolution de l’art américain au cours des deux premiers siècles de son histoire, illustre le lent accès à une représentation iconique et verbale sui generis du paysage américain d'abord perçu et interprété par rapport à une grille de références inadaptée parce qu’importée. La sensibilité à un pittoresque autochtone, typiquement américain, fut retardée et contrariée par la survivance de schémas de perception d’ordre culturel certes, mais tellement intériorisés qu’ils étaient devenus instinctifs, et d’une grille d’interprétation naturalisée par une longue tradition picturale. La nature n’ayant d’esthétique que ce que nous y projetons, le pittoresque de l’environnement américain n’est donc pas une donnée première, naturelle, inhérente au paysage ; ce sera le fruit d’une conquête sur le pittoresque européen qui lui fait écran, et d’une adaptation à un nouvel environnement. Ainsi, il faudra près de deux siècles pour que se constitue par touches successives un nouveau système de perception et d’interprétation de la nature américaine, disons le mythe visuel de l’Amérique, qui permettra de donner forme et sens à l’espace environnant.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt