Les Jeune-France et la "vie artiste" : un rituel sans croyance?

Marine Le Bail (1)

1 PLH - Patrimoine, Littérature, Histoire

Cette communication se propose de partir des considérations bien connues de Paul Bénichou sur le transfert de sacralité qui s'opère au début du XIXe siècle au profit de l'écrivain, érigé en servant d'une nouvelle religion qui serait celle de l'art, propre à réintroduire de la transcendance dans un monde de plus en plus déserté par le divin. Le sacerdoce artistique offrirait ainsi aux temps modernes un nouveau système de croyance et trouverait à se traduire, entre autres, par une forme de ritualiastion de la vie littéraire : à la manière de la religion catholique, dont les fastes, l'apparat et les lieux de culte grandioses fascinent la sensibilité romantique, le nouveau sacerdoce artistique aurait donc lui aussi ses grands-messes, ses incantations, ses prophètes, sa règle monastique, etc. Or, les Jeunes-France, par la posture désenchantée qui les gagne au fur et à mesure que s'éloigne la grande croisade d'Hernani, se plaisent à outrer, détourner et parodier ces éléments de ritualisation pour mieux en pointer le caractère conventionnel. Néanmoins, et tout en maintenant leurs distances avec les grandes orgues de leurs aînés, les "petits romantiques" n'en jettent pas pour autant le froc aux orties ; la permanence d'une conception ritualisée de la vie artistique empreinte, sinon de religion, du moins de religiosité, révèle ainsi en creux le besoin de croire qui continue de tenailler les membres de ce clergé sans autel.

Mots clés: French Romanticism; XIXth Century Literature; Beliefs

Mots clés: Romantisme français; Littérature du XIXe siècle; Croyances

Domaines: Sciences de l'Homme et Société; Littératures

Marine Le Bail. Les Jeune-France et la "vie artiste" : un rituel sans croyance?. Séminaire des doctoriales de la SERD : "Croire au XIXe siècle", Oct 2017, Paris, France. ⟨hal-01717582⟩