"La peau et les os" de G. Hyvernaud : Précis de décomposition
Résumé
Situé dans la lignée de Si c’est un homme de Primo Levi, de L’Espèce humaine de Robert Antelme et des Jours de notre mort de David Rousset, le roman de G. Hyvernaud est, outre un récit de captivité à l’humour décapant, une amère et ironique réflexion sur la triade “corps, langage, déchet”. Dominé par la métaphore d’une liquéfaction/décomposition généralisée, insta¬urant « l’égalité et la fraternité de la merde », le roman décrit avec une brutale franchise l’expé¬rience dégradante et avilissante de la captivité où l’homme n’est plus « qu’un numéro sur un sac de tripes ». L’univers des camps où « la vie du corps envahit toute la vie » est ainsi résumé à deux images marquantes : celle de la « fosse à merde et du méli-mélo de larves » où s’expriment « toute l’abjection de la captivité, et l’Histoire, et le destin ». À partir de cette expérience par définition indicible et indescriptible, G. Hyvernaud réussit le tour de force d’écrire, conformément au programme qu’il s’était fixé, « un bouquin désolant qui aurait l’odeur des cabinets et il faudrait que chacun la sentît et y reconnût l’odeur insoutenable de sa vie, l’odeur de son époque… une mélasse d’hommes sans pensée ».
Domaines
Littératures
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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