ENTRE EXIL ET ASILE : LES ECRIVAINS « LINGUISTIQUEMENT DELOGES »
Résumé
Réflexion sur les deux notions complémentaires d’exil et d’asile appliquées aux écrivains que G. Steiner appelle « linguistiquement délogés », c’est-à-dire ayant été conduits par un exil, imposé ou volontaire, à se construire une nouvelle « maison de mots » (G. Steiner) et à composer leur œuvre dans une langue d’accueil différente de leur langue maternelle. Ce fut le cas, entre autres, de J. Conrad (“naviguant” entre polonais, anglais et français) ; F. Kafka (au carrefour de trois langues : le tchèque, l’allemand et le yiddish) ; E. Pound (qui fait cohabiter toutes les langues européennes anciennes et modernes, le chinois, le japonais, l'ancien égyptien, le naxi, plus quelques dialectes africains, pour souligner la multiplicité irréductible du dire humain...) ; J.-L. Borgès ; S. Beckett ; W. Benjamin ; Cioran ; J. Semprun ; A. Makine ; Louis Wolfson ; J. Littell ; V. Nabokov, etc. L’exemple de ce dernier pose la « question de l’imaginaire multilingue, de la traduction intériorisée, de l’existence possible d’un idiome mixte privé ». Expérience fasci¬nante que celle de ces écrivains linguistiquement délogés car elle illustre de manière exemplaire le phénomène d’entre-captage entre langue d’accueil et langue d’origine, source de multiples innovations au plan lexical, grammatical, rythmique et stylistique, vaste champ d’étude prometteur, que cette contribution ne fait qu’esquisser.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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