Proust et “Combray” : écrire l’origine
Résumé
La littérature moderne institue deux voies d’accès à l’origine. La première est mélancolique.
L’origine perdue ne se retrouve pas. Modiano offre un bon exemple de la fécondité de ce deuil infini.
Tout récit serait donc un récit de l’enfance, non qu’il la représente, mais parce qu’il procède de son
silence. Une autre voix narrative prétend interroger l’origine. Elle la définit non comme perte mais
comme retour. Elle se place sous le signe non du deuil, mais de la joie. Combray, on le sait, procède de
la mémoire involontaire. L’origine dont le Narrateur avait oublié qu’elle était perdue revient. «D’où
avait pu me venir cette puissante joie ?» Dans «Combray», le récit d’enfance est un récit des origines.
Une contradiction majeure se découvre alors. Le récit est un comble du langage : acte social, investi par
une «volonté de vérité», le discours narratif discipline le temps. Il l’oriente – c’est la chronologie ; il
l’explicite, et c’est la causalité. L’enfance, elle, est le royaume de l’inarticulé ; elle est le temps qui
précède la parole. Le récit d’enfance s’affronte à ce qui le défie : la mémoire sans langage, la mémoire
de ce qui fut avant que tout ne fût, la mémoire de l’origine, celle qui revient dans les révélations. Quels
sont chez Proust les enjeux de cette quête des origines ?
Proust et
Domaines
Littératures
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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