Duras et Proust : une archéologie poétique
Résumé
Dans Yann Andréa Steiner, dès les premières pages, se noue un pacte indestructible
entre deux dimensions fondatrices du récit. D’une part le romanesque de la mémoire. Aux
frontières de l’autobiographie et du mythe personnel, l’écriture de Duras fait mémoire d’un
amour et d’un lieu : Andréa et Trouville, l’homme et la ville à jamais associés. Ressaisie dans
l’écriture, cette mémoire vive est irriguée par les grands fantasmes durassiens, par la judéité
en particulier. Ce réseau d’affects entrecroisés, tissés à l’écriture de soi, rencontre la pratique
intertextuelle. Celle-ci se dédouble ; il y a le côté Duras – l’intratexte – et le côté Proust :
l’intertexte proprement dit. Quel est le sens, la nécessité de ces épaisseurs superposées de
littérature ? Visent-elles à éloigner, à conjurer, à recouvrir par la magie des signes un référent
indicible mais brûlant ? Ou cherchent-elles à reconstruire, par-delà le divorce bien connu des
mots et des choses, une identité précaire ? À moins que les mots de l’autre – ces mots de
Proust qui viennent soutenir ceux, plus grêles, plus émouvants peut-être, de Yann – ne soient
le passage obligé par lequel faire advenir une vérité qui n’est plus celle de la vie mais celle du
mythe, ou du rêve.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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