Marcel Proust et la langue littéraire vers 1920 - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2009

Marcel Proust et la langue littéraire vers 1920

Résumé

Qu'ils l'admirent ou le détestent, les lecteurs des années vingt furent unanimes à voir dans le roman de Proust une révolution littéraire, dont l'effet se compare à celui que produira Louis-Ferdinand Céline avec Voyage au bout de la nuit en 1932. Non que cette génération se réduise à Proust, tant s'en faut ; mais plutôt que de disperser l'analyse, on a cherché à comprendre les raisons qui ont conduit les contemporains de Proust à voir en lui le premier d'entre eux, celui qui incarnait le nouvel esprit de la littérature, et cela alors même qu'il n'était précisément pas représentatif des pratiques langagières de son temps. Ces raisons, les premiers lecteurs de Proust ne pouvaient les trouver que dans l'analyse interne de La recherche : sa composition, ses techniques et sa langue, qui seule ici nous retiendra. Mais sitôt Proust institué comme le grand styliste de sa génération, le paradoxe éclate : certes, l'écrivain fut reconnu par ses pairs comme le plus novateur des prosateurs ; mais à quel titre ? Reprenant et approfondissant la tradition inaugurée par Flaubert et l'héritage de la génération de 1880, le roman de Proust relève le même défi esthétique que la prose de Péguy, mais en mobilisant de tout autres ressources. C'est en effet par l'usage entièrement nouveau de la phrase longue, par le rapport inédit qu'il créait entre le langage, la subjectivité et le réel qu'il sut convaincre ses contemporains qu'il était bien l'écrivain capital de sa génération. On commencera par étudier la cooccurrence des trois traits majeurs du style de Proust, tel qu'il a été perçu par ses contemporains : longueur des phrases, inventivité des images, énoncés plurivoques. On mettra ensuite au jour la conception de Proust sur la langue et le style. Tout au long d'À la recherche du temps perdu, le narrateur commente avec un zèle infatigable les particularités de tel ou tel discours. Ce faisceau de remarques permet-il de dégager une doctrine cohérente ? Si elle existe, comment la relier aux débats contemporains sur la langue et le style ? La question du style est encore plus délicate : car Proust inaugure un type de recherche resté sans écho dans le champ de la linguistique et de la littérature. Il refuse de considérer le langage littéraire comme une réalité autonome, susceptible d'être appréhendée en dehors de la vie intérieure, dont l'existence est aujourd'hui presque toujours contestée ou minorée. L'étude de la réception permettra d'évaluer l'influence de Proust sur le paysage de la prose des années vingt ; c'est donc en creux qu'on l'on dessinera celui-ci.
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Citer

Stéphane Chaudier. Marcel Proust et la langue littéraire vers 1920 . Gilles Philippe et Julien Piat. La Langue littéraire, Une histoire de la prose en France de Flaubert à Claude Simon, Fayard, p. 411-449, 2009. ⟨hal-01676877⟩
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