Jouhandeau et la légende photographique
Résumé
Le 13 septembre 1967, Jouhandeau écrit à son ami photographe Daniel Wallard : "tout
à fait d'accord pour que vous fassiez de mon visage l'usage qu'il vous plaira." De cette
autorisation royalement accordée naît un livre publié à titre posthume, en 1994. Sur la page de
gauche, une photographie de l'écrivain ; sur la page de droite, le commentaire de Jouhandeau.
Ce que l'écrivain donne de la main gauche, le texte le reprend de la main droite. Pris entre 1967
et 1973, les cinquante portraits sont réunis sous un titre passablement emphatique : Le Moimême.
Que peut-on espérer de bon d'un écrivain qui proclame avec impudence la capacité du
discours à atteindre le "moi-même" ? La photographie, telle que Jouhandeau l'appréhende,
inflige au moi la chance et la mortelle déception de l'invisible : ce que je suis ne se voit pas.
Autant dire que ce que je suis, seul mon langage peut l'inventer. Le "moi-même" procède ainsi
du double paradoxe de l'altérité et de l'invisibilité ; il est donc à proprement parler une fiction,
une légende.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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