L'apocalypse en revue : les Derniers Jours d'É. Berl et P. Drieu
Résumé
Bimensuel intermittent, Les Derniers Jours comptent sept numéros, parus de février à juillet 1927. Les quatre premiers cahiers respectent le rythme prévu ; mais du 10 avril au 8 juillet ne sortent que trois numéros, les trois derniers. L'interruption des Derniers Jours serait strictement circonstancielle. Et pourtant, à bien examiner principes fondateurs de la revue, on se rend compte que le projet, malgré sa brillante mise en oeuvre, comporte dès l'origine un vice caché. Pour faire durer Les Derniers Jours, Cahier politique et littéraire, il a sans doute manqué à Berl et Drieu une idée un peu claire du sens que pouvait prendre ce « et ». Certes, aucun des deux écrivains ne veut se soustraire à ces deux postulations essentielles, l'art et la politique ; mais comment les articuler ? D'une manière ou d'une autre, les sept numéros ne cessent de reprendre la question ; nulle réponse décisive ne surgit. D'où le sentiment légitime d'une déception, d'une dispersion. La fin de la revue n'était pas inévitable, loin de là, mais elle se comprend. Son mérite fut d'aborder un problème qui la dépassait, qu'elle ne pouvait résoudre, et qui était de fait celui de tous les écrivains de l'époque. Dialogisme assumé et tension philosophique du discours : ces deux traits rendent compte, semble-t-il, de la poétique des Derniers Jours. Mais l'essentiel est ailleurs ; Berl et Drieu ne peuvent concevoir l'histoire autrement que dans une relation fusionnelle, tour à tour asphyxiante et exaltée, avec leur propre moi. Nous sommes, pourraient-ils dire, la matière même de notre revue ; et ce faisant, ils voulaient être le sel de leur époque.
Domaines
Littératures
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)