“Pourquoi mentir ?” : Modiano et l’autofiction
Résumé
L'autofiction a mauvaise presse. Comme tous les discours qui prennent le moi pour objet, elle est accusée d'être mesquine et complaisante : le moi, c'est toujours le petit moi, le moi haïssable. On s'aveugle, on se ment à soi-même. On se justifie, on se défend – et ce faisant on commet le pire des péchés : on avoue qu'on s'aime. Que signifie, pourtant, le mot autofiction si ce n'est le dessein de rapprocher le plus possible (mais sans les identifier) la littérature et la vie ? Un homme – l'auteur lui-même – déclare que la matière même de son oeuvre, cette oscillation perpétuelle entre la tentation désespérée d'en finir et la volonté de poursuivre, constitue la formule de ce qu'il faut bien appeler son « moi ». Que ce vertige et cet élan trouvent leur source dans l'histoire de ces deux pauvres étoilés que sont papa et maman, et qu'il faille à longueur de roman revenir sur leur équivoque destinée et sur les traces qu'ils ont déposées en ce fils mal-aimé, tel est le pari de l'autofiction selon Modiano.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)