Ivan Farron, l'égotiste nonchalant - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Cahiers Valery Larbaud Année : 2008

Ivan Farron, l'égotiste nonchalant

Résumé

L’expression « égotisme nonchalant » caractérise le point de vue sur l’existence qu’illustre le roman d’,1. Ce roman est « égotiste » en ce qu’il privilégie le point de vue – les pensées, les émotions – d’un héros unique, un peu comme À la recherche du temps perdu privilégie le point de vue d’un « héros narrateur » unique. Dans ce type de romans, un seul voit, et c’est le héros ; les autres personnages sont vus. Certes, ces derniers se révèlent par ce qu’ils disent ou font ; sans doute leurs points de vue sont-ils pris en compte, mais de façon intermittente et circonstanciée. Le roman égotiste ne s’intéresse de façon continue qu’à une seule conscience ; et c’est son évolution, et elle seule, qu’il rapporte. En 1913, Proust et Larbaud (ce dernier avec A. O. Barnabooth, Ses oeuvres complètes, c’est-à-dire un conte, ses poésies, son journal intime) ont donné ses lettres de noblesses à la formule du roman égotiste : elle prend comme « sujet » la conscience d’un individu singulier – et quoi de plus singulier qu’un apprenti écrivain ? – aux prises avec les données de son existence. Égotiste, le roman d’Ivan Farron met en scène une conscience qui sait qu’elle ne mérite pas qu’on s’intéresse à elle ; cette conscience n’est plus du tout singulière ; elle est tout simplement inquiète de son peu de consistance. Le roman contemporain est une gigantesque salle de consultation ; toutes les maladies de l’âme s’y donnent rendez-vous ; le roman, bien sûr, ne diagnostique rien ; il affirme le droit des consciences blessées à voir leur souffrance reconnue. Le héros et le narrateur anonyme des Déménagements inopportun n’en demande pas tant. Il refuse de donner un statut lyrique à son malaise : il ne veut pas être plaint ou aimé. Il ne se pose ni en victime ni en exemple. Il ne milite pas en faveur de lui-même. En un mot, c’est un égotiste nonchalant. Il estime que l’humour est la meilleure façon (et sans doute la seule) dont on puisse parler de soi.
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Dates et versions

hal-01674990 , version 1 (03-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01674990 , version 1

Citer

Stéphane Chaudier. Ivan Farron, l'égotiste nonchalant. Cahiers Valery Larbaud, 2008, Du journal intime au monologue intérieur dans la littérature du XXe siècle, études réunies par F Lioure et A Chevalier, Presses Universitaires Blaise Pascal, n° 43, p 201-213. ⟨hal-01674990⟩
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