Political violence and democratic transition: political attacks during the French Revolution
Violence politique et transition démocratique : les attentats sous la Révolution française
Résumé
The end of the 18th century gives birth to new forms of political action: political attempts or attacks. More and more often committed with weapons of massive destruction, as bombs or explosive machines, these attacks not only try to injure or kill human targets, but also to spread fear in public opinion, in order to express minorities’ claims, and to influence political debates and decisions by direct activism. This paper claims that revolutionary violence, which has been mainly studied through collective massacres, must be considered in its different aspects: political murders, iconoclasm, material destructions and symbolic rituals are part of a new phenomenon, linked to the French democratic transition, one century before the “official” birth of modern terrorism.
À la fin du XVIIIe siècle, au gré des révoltes et révolutions, apparaissent de nouvelles formes de l’action politique : les attentats. Souvent perpétrés à l’aide d’armes plus destructrices, ces actes sont également au moins autant destinés à émouvoir l’opinion populaire qu’à salir, blesser ou éliminer des emblèmes politiques, que ceux-ci soient des objets ou des personnes. De la prise de la Bastille (14 juillet 1789) à l’attentat de la rue Saint-Nicaise (24 décembre 1800), en passant par l’explosion du château de Quincey (19 juillet 1789), l’assassinat de Marat (13 juillet 1793), les arrachages des arbres de la liberté, l’iconoclasme de l’an II et les têtes plantées au bout des piques, la transition démocratique qui touche la France entre 1789 à 1800 se caractérise par l’émergence de nouvelles manières d’exercer la violence, à la fois plus dévastatrices et plus symboliques qu’auparavant, et qui, pratiquées par les minorités comme par le pouvoir politique, lègueront au XIXe siècle un répertoire de pratiques contribuant à la naissance du terrorisme contemporain.