La logique patrimoniale du devoir de mémoire : un usage civique et humaniste du passé - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Communication interculturelle et littérature : Mémoire, littérature et identité Année : 2015

La logique patrimoniale du devoir de mémoire : un usage civique et humaniste du passé

Nathanaël Wadbled

Résumé

Le devoir de mémoire est le cadre social général dans lequel est aujourd’hui socialement compris la Shoah. Si les usages du terme ont parfois conduit à en faire un mot valise, il ne désigne pas moins une certaine manière de comprendre le passé correspondant à une certaine fonction sociale. Il peut être défini comme ayant trois dimensions. D’un côté, la mise en avant de la souffrance des victimes marque une attention aux individus qui fonde moralement et civiquement les démocraties contemporaines. En même temps, le rappel de ce passé permet une affirmation de ces valeurs morales comme présentes, en opposition avec ce qui est dénoncé. Enfin, la reconnaissance des justes ayant tenu tête aux bourreaux permet non seulement une identification en tant que porteur de ces valeurs, mais aussi de se placer dans une perspective active appelant à de telles actions contre les génocides contemporains. Ces logiques induisent une mise à distance de ce qui a eu lieu. Si la transmission de la mémoire est affirmée, le contenu de cette mémoire semble être un évènement qui échappe à l’histoire. La dénonciation de l’horreur accompagnée par l’identification aux sauveurs implique en effet une mise à distance de ce qui a eu lieu, renvoyé à une histoire qui n’est pas celle où se développe le devoir de mémoire. L’absolument autre, avec lequel il est impossible de s’identifier, est dénoncé. Il a ainsi pu être qualifié de « non‐monde » ou d’« anti‐histoire ». Cette communication se propose de définir cette triple forme et ce contenu du devoir de mémoire afin de montrer que la plupart des critiques qui lui sont faites manquent leur but. Le devoir de mémoire s’inscrit dans une fonction sociale patrimoniale que les anglo‐saxons nomment heritage (Löwenthal), et se fonde en tant que tel dans l’affirmation de valeurs civiques et morales. Il est donc d’un côté vain de lui reprocher de ne pas être une forme de mémoire naturelle (Nora, Ricœur) ou une pratique historienne (Rousso), et d’un autre côté, il est inexact d’en faire une stratégie politicienne communautariste (Todorov, Chaumont, Ricœur)
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hal-01654352 , version 1 (03-12-2017)

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  • HAL Id : hal-01654352 , version 1

Citer

Nathanaël Wadbled. La logique patrimoniale du devoir de mémoire : un usage civique et humaniste du passé . Communication interculturelle et littérature : Mémoire, littérature et identité, 2015, Identité et mémoire culturelles en Europe, n°21, p. 198-207. ⟨hal-01654352⟩
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