L'eau, miroir de la ville. Contribution à l'étude de la requalification urbaine des milieux fluviaux et humides (Bassin parisien, Amiens, Orléans)
Résumé
En moins de quatre décennies, les milieux fluviaux et humides des villes occidentales sont passés du statut d’espace répulsif et marginal à celui d’espace patrimonial et central. Théâtre de nombreuses convoitises politiques et sociales, ces entités se retrouvent au cœur des dynamiques urbaines. Le travail de thèse se focalise sur ce brusque changement de situation, étudiant notamment les principaux enjeux qui y sont associés.
En préambule, les acteurs locaux prônent aujourd’hui la qualité urbaine et sont animés par la notion de ville durable ainsi que par les thèmes de cadre de vie, de nature en ville, de mixité sociale et d’identité territoriale. Dans cette perspective, les milieux d’eau constituent des terrains d’application et d’expérimentation idoines de ces intentions. Il en découle de vastes projets urbains que l’on se propose d’analyser par la notion de « requalification urbaine ». La diversité des politiques, perçue à travers l’étude des villes péri-franciliennes, en éclaire les manifestations concrètes, la pluralité des approches, mais aussi les travers éventuels, à l’instar du risque d’uniformisation esthétique et fonctionnelle des zones humides.
Par ailleurs, le caractère récent de la redécouverte de l’eau en ville, qui succède à une longue phase de dénigrement, requiert une approche géohistorique des liens qui prévalaient entre sociétés et milieux d’eau. Le but consiste à inscrire la démarche de requalification dans une politique patrimoniale pérenne qui privilégie l’idée de trajectoire paysagère. Il en ressort, par le biais de l’étude des territoires d’Amiens et d’Orléans, des configurations singulières entre le façonnement des milieux et l’histoire des cités.
En outre, les jeux d’acteurs engagés dans la requalification sont mis en évidence car les particularités fonctionnelles des zones humides bousculent les outils et procédures de gestion urbaine ainsi que les modes de gouvernance. Il s’agit dès lors de cerner la place des lieux d’eau dans les stratégies politiques, d’en décrire les traductions spatiales et d’en révéler le potentiel d’attractivité par le biais des campagnes de communication et d’animation.