La notion d’« accent de banlieue » à l’épreuve du terrain
Résumé
Cet article repose sur des années d’observation de terrain dans un lycée situé en Seine Saint-Denis, en banlieue parisienne. Nous analysons les discours épilinguistiques de trois lycéennes banlieusardes d’origines différentes qui adoptent des pratiques de prononciation proches de celles défendues par l’école. L’objectif est ici de questionner la pertinence de la notion d’« accent de banlieue » sur un terrain où il est censé être aisément observable et où, pourtant, de nombreux jeunes ne le pratiquent absolument pas. L’article confronte deux positions qui semblent irréconciliables : d’un côté une convergence de discours médiatiques, scientifiques et du tout-venant qui assurent un semblant de consistance à cette notion ; d’un autre côté, les critiques formulées par de nombreux sociolinguistes pour qui l’accent de banlieue, tout comme la variété de « français populaire », repose sur une illusion purement idéologique. Un parallèle avec les débats sur l’idéologie qui, durant longtemps, a justifié l’existence des « races » permet alors d’envisager la complémentarité de ces positions. Nous plaidons, en conclusion, pour un alignement des descriptions phonétiques à visée scientifique sur les autres niveaux d’analyse linguistique. Il s’agit par conséquent d’écarter la catégorie accent social (qu’il soit territorialisé ou non) au profit de celle de style, plus agentive et moins stigmatisante.
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