Renoncer à la ‘communauté linguistique’ ?
Résumé
Cet article vise une réflexion conceptuelle et épistémologique de la notion de « communauté linguistique », qui occupe une place centrale en sociolinguistique. Elle renvoie notamment à ces conditions sociales de production dans lesquelles il s’agit pour les sociolinguistes d’« ancrer l’étude du langage », « véritable pétition de principe de la sociolinguistique au regard de la linguistique » (Boutet & Heller, 2007 : 306).
Elle construit non seulement le terrain du sociolinguiste mais aussi ses questions fondamentales : En quoi la variation linguistique est-elle effectivement socialement structurée ? En quoi ce qui est identifié comme groupe, réseau social, plus ou moins formel, officiel, large, correspond à une CL, et à quoi cela renvoie-t-il ? L’étude d’un espace social au départ de questions de langue(s) permet-elle de mettre en exergue des fonctionnements sociaux qui échapperaient à une analyse sociologique coupée de ces questions ?... C’est dire son importance à la fois théorique et symbolique. Ces dernières années, il semble que la notion soit moins utilisée... devenue évidente, ou écartée des usages terminologiques ? Cet article propose ainsi une analyse de l’histoire scientifique de la notion de communauté linguistique, de sa conceptualisation, en linguistique et en sociolinguistique dans les différentes approches épistémologiques, pour s’interroger sur la possibilité d’articuler l’idée de « communauté linguistique » à celle de diversité, dans des espaces sociaux toujours plus complexes, hétérogènes, mouvants.