Gerry Johnson Du paradigme stratégique à sa remise en cause - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2007

Gerry Johnson Du paradigme stratégique à sa remise en cause

Résumé

À la suite de Pettigrew, Spender ou Quinn, Gerry Johnson a contribué au développement d’une conception incrémentale et actionniste de la stratégie. En lieu et place d’un processus de décision et de choix rationnel, il défend l’idée que la stratégie doit se comprendre comme le résultat des actions des managers, elles-mêmes produits des processus politiques, organisationnels, symboliques et cognitifs prenant place dans l’organisation (Johnson, 1990 : 80). Se démarquant de ces prédécesseurs, Johnson accorde une place particulière à la subjectivité des acteurs : les informations de l’environnement sont certes traitées par les systèmes organisationnels, mais elles sont également sélectionnées et interprétées par les individus au cours de leurs actions, via leurs schémas cognitifs individuels et les cadres de références ou idéologies organisationnels. Au travers de la notion de paradigme, c’est à l’étude de cette dimension idéologique, de ses conséquences sur la trajectoire stratégique de l’organisation, et des difficultés qu’elle pose pour le changement, que Johnson s’attachera dans un premier temps. On a principalement retenu cet apport de son travail, et, avec lui, les critiques adressées à l’encontre d’une conception réifiée de la pensée managériale ou organisationnelle et d’une approche monolithique de l’action stratégique. L’examen de son œuvre révèle cependant une vision plus nuancée. Ce qui caractérise finalement peut-être le mieux l’œuvre de l’auteur est l’attention qu’il a toujours portée aux microprocessus d’actions et d’interactions des acteurs en tant que lieu de fabrique de la stratégie (Johnson et al., 2003). - Au travers de la notion de paradigme d’une part (Partie 1) : si le paradigme, en tant que système de croyances générateur d’actions, induit une adaptation insuffisante de la stratégie face aux changements de l’environnement, les microprocessus politiques, symboliques et organisationnels constituent les lieux d’activation (enactment) et de maintien des principes du paradigme. C’est également au travers de ces processus que le paradigme évolue. - Au travers de la construction du changement d’autre part (Partie 2) : conçu comme une remise en cause du paradigme en vigueur dans l’organisation (Johnson, 1987), le changement suppose la présence et l’expression de points de vue dissidents et la reconstruction des schémas d’interprétation. Les études de l’auteur sur les représentations des managers de leur environnement concurrentiel soulignent ici leur diversité plutôt que leur homogénéité au sein d’une même organisation ou d’un même secteur. Ses travaux plus récents montrent le rôle des microprocessus d’interactions et d’influence latérale entre middle managers dans l’interprétation et la construction du changement, processus contribuant à la dimension émergente de la stratégie. Ces éléments nuancent et questionnent la conception d’un paradigme tout puissant qui tout à la fois produirait et enfermerait la trajectoire stratégique de l’organisation, ouvrant la voie à une conception plus incertaine et plus humaine de la stratégie.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01495013 , version 1 (24-03-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01495013 , version 1

Citer

Florence Allard-Poesi. Gerry Johnson Du paradigme stratégique à sa remise en cause . T. Loilier et A. Tellier Les grands auteurs en management stratégique, EMS, pp.379-394, 2007. ⟨hal-01495013⟩
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