Le comportement sexuel des béliers en confinement est fortement influencé par la race des brebis
Résumé
L’utilisation du croisement en élevage ovin est fréquente. Ces croisements s’effectuent généralement en introduisant des béliers d’une autre race que celle du troupeau afin d’améliorer les performances. Le comportement sexuel de béliers Mérinos d’Arles face `a des brebis de la même race et de brebis Lacaune introduites 3 mois auparavant dans le troupeau a été étudié. Matériel & Méthodes : Le comportement sexuel de six béliers a été étudié en les mettant en contact avec un lot de 3 brebis en chaleurs et de 3 brebis en phase lutéale (induite par pose d’une éponge vaginale). Les lots de brebis étaient, à chaque fois, composés de 2 brebis Mérinos et de 4 brebis Lacaune, pour moitié en chaleur. Au cours de chaque test de 30 minutes (30’), les béliers ont été observés individuellement et leurs comportements sexuels enregistrés. Les comportements ont été regroupés en activités exploratoires (flairage, son, coups de patte, flehmen, tête sur la croupe et mouvements de la langue) et consommatoires (chevauchement et tentative de chevauchement; les béliers étant équipés d’un tablier pour empêcher la saillie). Chaque bélier a été testé 2 fois par jour, à un intervalle de plus de 3 heures, sur deux lots de 6 brebis. Ce test a été répété à 3 reprises sur des lots de brebis différents au cours d’une même semaine au mois de mai. Résultats : Nous observons de tr`es grandes différences de libido entre les
béliers : de 114 à 509 interactions exploratoires en 30’, et de 1 à 39 activités consommatoires. Au total, les 6 béliers ont clairement manifesté des comportements sexuels envers les brebis en chaleurs (8221 ; 92%) et très peu (669 ; 8%) envers les brebis en phase lutéale. Les activités exploratoires sont 11,4 fois plus nombreuses (70 activités/brebis/30’) que les activités consommatoires (6 activités/brebis/30’), (Moyen des activités de 6 mâles pendant les 6 épreuves). En théorie avec 3 brebis en chaleurs, les activités des béliers devraient se répartir de façon égale (33%) entre les brebis en chaleur. Or, les béliers Mérinos ont montré 69% (+- 11) de leurs activités exploratoires (155 activités/b/30’) et 91% (+-9) de leurs activités consommatoires (16 activités/b/30’) sur la brebis Mérinos en chaleur. Les brebis Lacaune, quant à elles, ont été peu sollicitées (Activités Exp. = 16% avec 27/b/30’ et Activités. Cons. = 4% avec 1/b/30’). Cette préférence des béliers Mérinos est remarquablement stable malgré les écarts de libido. En effet, même les béliers les moins sélectifs ont exprimé 59% de leurs activités exploratoires et 79% de leurs activités consommatoires pour la brebis Mérinos. Conclusions : Ces observations montrent que lorsqu’un bélier a le choix entre des brebis de la même race que lui ou des brebis d’une autre race il s’oriente préférentiellement vers les femelles de sa race. Dans notre cas, comme les
brebis Lacaune n’ont été introduites dans le troupeau que depuis 3 mois, il n’est pas possible de distinguer la part de la nouveauté de celle de l’effet race. Notre dispositif, tr`es contraignant pour les animaux qui étaient confinés dans l’espace (5 x 5 m) et dans le temps (30’), peut être en partie responsable de l’exacerbation de ces comportements sélectifs. En revanche, dans les troupeaux en lutte libre, les mouvements des animaux (fuite, recherche de contacts) ajoutés à la durée de la période de reproduction (plusieurs semaines) et la compétition entre béliers peuvent atténuer ces phénomènes de sélectivité. Nous ignorons si cette sélectivité a une incidence sur la fertilité les troupeaux en croisement.
Domaines
Sciences du Vivant [q-bio]
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)