« Du travestissement à l’érotisme : l’effet-dispositif dans la mise en scène de Don Gil de las calzas verdes (1615) par la Compañía Nacional de Teatro Clásico (2006) » - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

« Du travestissement à l’érotisme : l’effet-dispositif dans la mise en scène de Don Gil de las calzas verdes (1615) par la Compañía Nacional de Teatro Clásico (2006) »

Emmanuelle Garnier
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 970708

Résumé

S’il existe un modèle de théâtre de la parole-action (Vinaver) par excellence, c’est bien celui qui se développa à la fin du XVIe siècle dans les tout premiers théâtres espagnols populaires, alors appelés corrales de comedia du fait de leur implantation dans la cour de maisons urbaines, et qui se développa jusqu’au XVIIIe siècle. Plus d’un siècle durant, sur les planches des corrales, s’imposa en effet le modèle théatral de la comedia nueva (imposé par Lope de Vega), dans lequel le discours dramatique était porté essentiellement par une parole instrument de l’action (Vinaver), dans des pièces-machines régies par un principe d’enchaînement causal implacable, lequel devait donner lieu à des jeux subtiles d’enchâssement d’intrigues, tout particulièrement dans les comedias de enredos. S’imposait alors une théâtralité « brute », où le dramatique et le narratif l’emportaient très largement sur la plasticité, notamment du décor et des costumes, lesquels se trouvaient doublement limités par la succession rapide des œuvres à l’affiche et le peu de moyens économiques des compagnies de théâtre. Pour approcher ces pièces, la critique a souvent privilégié l’approche discursive, qui s’intéresse à la manière dont s’organise le processus logico-discursif et aux valeurs sémantiques et axiologiques que celui-ci génère. Or, dès lors qu’on s’intéresse à « ce que fait » le théâtre (à un spectateur contemporain de l’écriture ou à un spectateur postérieur), dans une dimension politique, il peut être profitable de « décentrer notre point de vue sur la représentation (…) en examinant sa part de dispositif avant d’y voir un discours implicite » ), ce qui pourrait permettre de déceler des points de rupture, interstices ou entrebâillements, agissant comme autant de grains de sable qui enrayent la machine (idéo-)logique et permettent – voire génèrent – l’irruption d’une subversion. CEt article revient sur l’une des pièces culte du travestissement du Siècle d’Or espagnol : Don Gil de las calzas verdes (Don Gil aux vertes chausses), écrite par Tirso de Molina et jouée initialement en 1615 , pour examiner la manière dont le dispositif scénique d’une mise en scène contemporaine, ajouté au dispositif dramatique qui la sous-tend, « travaille » le spectateur, et comment celui-ci, dans une œuvre comique à la mécanique pourtant bien rôdée, perçoit dans le tissu dramatique des déchirures ou, mieux – par analogie avec les costumes d’époque –, des crevés laissant apparaître au grand jour ce qui pourrait être la doublure du vêtement qu’il porte sur la grande scène de la vie sociale. En d’autres termes, je me propose d’observer, du point de vue du spectateur actuel, le surgissement d’éventuels « effets-dispositifs », lorsque les trois niveaux technique, pragmatique et symbolique du dispositif scénique se disjoignent et ouvrent le contenu fictionnel à « autre chose » qu’il nous incombera de définir.
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Dates et versions

hal-01482683 , version 1 (03-03-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01482683 , version 1

Citer

Emmanuelle Garnier. « Du travestissement à l’érotisme : l’effet-dispositif dans la mise en scène de Don Gil de las calzas verdes (1615) par la Compañía Nacional de Teatro Clásico (2006) ». Muriel Plana et Frédéric Sounac (dir.). Esthétique(s) queer. Sexualités et politiques du trouble., Editions Universitaires de Dijon, pp.239-250, 2015, Esthétique(s) queer. Sexualités et politiques du trouble., 978-2-36441-129-6. ⟨hal-01482683⟩
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