Emile Zola, homo viator à la force de la plume
Résumé
Contrairement à un Stendhal, un Flaubert ou un Loti, la postérité a retenu d’Emile Zola l’image d’un écrivain casanier et voyageant peu. Le maître de Médan, entouré des siens, évoluait uniquement entre sa maison des Yvelines et son appartement parisien. Certes Zola effectua des voyages dans toute la France ; outre ses séjours estivaux en bord de mer, ses déplacements avaient un intérêt documentaire. Il fut un homo viator d’un genre particulier, ne répondant à l’appel du large que par nécessité d’observer, d’expérimenter, de noter ce qui nourrirait ensuite son imagination, c’est-à-dire qu’aimant certainement les voyages, il les aimait non par goût du lointain, mais par celui du terrain. Ainsi, par besoin de détails véridiques, descendit-il dans les mines d’Anzin pour Germinal, parcourut-il le champ de bataille de Sedan pour La Débâcle, fit-il le pèlerinage de Lourdes pour le roman du même nom. Tout au plus peut-on citer son excursion à Rome et son exil à Londres. Mais si ses voyages furent limités géographiquement, ils offraient de très riches possibilités littéraires, et l’on peut avancer que l’écrivain casanier était peut-être au fond de lui un écrivain voyageur, comme en témoignent ses carnets de route, publiés après sa mort il est vrai. Si son esprit méthodique et son travail rigoureux bridèrent ses voyages pour les astreindre aux simples besoins de ses romans, ses personnages, eux, traduisent véritablement un élan ou une errance vers l’ailleurs : sans compter ceux montés de Provence vers la capitale pour y connaître la fortune ou le succès, Florent dans Le Ventre de Paris revient de Guyane sans parvenir à s’installer définitivement, l’arrivée et le départ d’Etienne Lantier ouvrent et clôturent Germinal, Jean Macquart, paysan-soldat égaré dans tous les champs de France, est le type même du miles viator, Pierre Froment se défait de sa foi catholique au cours de pérégrinations entre Lourdes, Rome et Paris dans les Trois Villes. Nombreux sont les héros en continuelle partance et toujours en chemin. L’étude des voyages et de leur imaginaire semble dès lors essentielle à la bonne compréhension de l’œuvre de Zola, parce qu’ils contribuent à la dynamique des romans, à l’élaboration d’esthétiques, voire à la constitution de cycles ou même à la création d’utopies dans Fécondité avec la colonisation de l’immense plaine du Niger – tous exemples prouvant qu’un écrivain peut faire le tour du monde sans sortir pour autant de son cabinet de travail.
Domaines
Littératures
Fichier principal
Émile Zola homo viator à la force de la plume.pdf (458.18 Ko)
Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...