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Rapport (Rapport Technique) Année : 2013

EBAUCHE DU FONCTIONNEMENT HYDROGEOLOGIQUE DE L'ÎLE D'ANJOUAN (COMORES)

Résumé

Les investigations hydrogéologiques et hydrochimiques réalisées au cours de la mission de terrain d’août 2012 ont permis d’identifier trois types de ressources en eaux souterraines caractéristiques des îles volcaniques comme celle d’Anjouan : -une nappe d’eau souterraine qui s’écoule dans un aquifère que nous appellerons l’aquifère principal. L’eau chemine, dans le milieu souterrain, des points hauts de l’île vers la mer, dans un milieu géologique très hétérogène constitué par l’empilement des coulées et formations volcaniques accumulées au cours de l’histoire géologique d’Anjouan. Cette nappe d’eaux souterraines est drainée par des sources présentes sur les versants de l’île et alimentent les différents cours d’eau ; -des nappes d’eau dites perchées qui s’écoulent dans les terrains constitués par les matériaux volcaniques mis en place lors des éruptions les plus récentes, c’est le cas des coulées volcaniques qui remplissent d’anciennes vallées comme dans la vallée de Patsy ou encore les cônes de scories de Outsa ou de Dzialaoutsounga. Il a été mis en évidence que les sources drainant ce type de nappes sont très sensibles aux pollutions et aux activités pratiquées en surface à l’amont ; -enfin de petites nappes alluviales côtières sont présentes mais leur extension géographique est très réduite. Cependant leur exploitation pour le maraichage a été la seule utilisation d’eau souterraine par l’intermédiaire de puits, observée sur Anjouan. Une partie de la forêt naturelle d’Anjouan est une forêt de type « forêt de nuage » ou « forêt de brouillard ». Ce type de forêts se forme sur les sommets, les versants et les crêtes des reliefs qui baignent souvent dans le brouillard. Il s’y développe des espèces végétales spécifiques capables de capter les gouttelettes de brouillard. Ce phénomène est fréquemment observé sur les îles de faible surface et au relief important comme c’est le cas sur l’île d’Anjouan. En région tropicale humide, l’apport d’eau supplémentaire produit par les forêts de brouillard augmente généralement de 5 à 20% la quantité d’eau disponible pour l’infiltration. Ce mécanisme ajoute ainsi des centaines de millimètres d’eau par an à l’écosystème et son bassin versant. L’apport d’eau supplémentaire produit par la forêt de nuage permet de conserver des débits importants à l’étiage durant la saison sèche, l’écosystème développé prévient également les crues en saison humide, deux points qui font actuellement défaut sur l’île d’Anjouan. A Anjouan la déforestation n’a pas, mis à part dans certains secteurs, complètement fait disparaître le couvert végétal. La forêt de nuage a été transformée en un biotope anthropisé constitué d’espèces introduites par l’homme comme les cocotiers, les girofliers, les bananiers, etc. Cependant même si un couvert végétal existe, ces espèces ne présentent pas de bonnes propriétés d’interception des gouttelettes de brouillard. L’apport d’eau supplémentaire que représentait l’eau en provenance du brouillard intercepté par la végétation n’existe plus. Les dégradations imposées à la forêt d’Anjouan qui ont amenées à la disparition de la forêt de nuages et son remplacement par des cultures de cocotiers, de girofliers et de bananiers peuvent, si l’on considère les données dont nous disposons, expliquer la diminution des débits des cours d’eau observée depuis les années 1950. Un impact aggravant et concomitant du changement climatique n’est pas à exclure pour expliquer la diminution des débits observée. Un autre facteur aggravant a pu également être identifié, il s’agit de la qualité des installations de distribution de l’eau. La plupart des réseaux visités sont sous-dimensionnés par rapport à la demande de la population et leur entretien est souvent défaillant, ce qui limite encore l’efficacité des systèmes existants. Un comité d’eau particulièrement efficace a été rencontré à Adda où l’ensemble de l’équipe est volontaire et sensibilisée à l’importance de l’entretien du réseau de distribution. Il sera important dans l’avenir de s’appuyer sur ces équipes dynamiques pour mettre en place des actions pilotes de réelle gestion de la ressource en eau. Dans le même ordre d’idée, aucun dispositif de mesures n’a pu être observé sur les différents réseaux. Or, la mesure est la base d’une gestion raisonnée de la ressource, c’est un point qu’il faudra développer à l’avenir. Ces actions sont une partie des recommandations qui ont été proposées au projet ECDD afin d’améliorer la gestion de l’eau à l’échelle des villages d’intervention du projet. Leur application à l’échelle de l’île dans son ensemble permettrait de poser les bases d’une meilleure gestion de l’eau à Anjouan.
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hal-01465276 , version 1 (11-02-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01465276 , version 1

Citer

Arnaud Charmoille. EBAUCHE DU FONCTIONNEMENT HYDROGEOLOGIQUE DE L'ÎLE D'ANJOUAN (COMORES) : Typologie des ressources en eau disponibles et discussion sur l'impact de la déforestation. [Rapport Technique] ONG AVSF, ONG Dahari. 2013. ⟨hal-01465276⟩

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