Amis d'Israël. Une initiative prématurée mais instructive - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Sens. Juifs et chrétiens dans le monde d'aujourd'hui Année : 1998

Amis d'Israël. Une initiative prématurée mais instructive

Menahem R. Macina

Résumé

« Amici Israel » était une Association pieuse vouée à la prière pour les juifs et à l'apostolat en vue de leur conversion. Si les grandes lignes de la création, puis de la suppression de cette Association sont assez bien connues des spécialistes, par contre, on ne connaît les véritables raisons pour lesquelles l'autorité ecclésiastique a cru devoir prendre cette sanction, qu'au travers des commentaires, plus ou moins tendancieux, parus, à l'époque, dans différentes revues. De l'examen de la documentation consultée, il ressort que Maria Francesca Van Leer, l'initiatrice et co-fondatrice de l'Association, avait bien conçu son œuvre dans la ligne traditionnelle de l'Église, qui était, comme le rappelle le décret de dissolution, «d'exhorter les fidèles à prier Dieu et à travailler pour la conversion des Israélites au règne du Christ». Toutefois, il semble que, très vite, la conception personnelle, qu'avait la fervente convertie, de la nouvelle attitude que les chrétiens devaient adopter à l'égard du peuple juif, ait inquiété, puis scandalisé de nombreux clercs et fidèles, au point de déclencher une enquête canonique, dont on sait le résultat. En effet, à en croire le décret d'abolition déjà cité : «cette Association des “Amis d'Israël” a adopté ensuite une manière d'agir et de penser contraire au sens et à l'esprit de l'Église, à la pensée des Saints Pères et à la liturgie». Un examen, même sommaire, du contenu de la dernière version de la brochure principale de l'Association, "Pax super Israel", révèle que les vues de la fondatrice et des membres actifs de l'Association étaient en rupture quasi-totale avec l'esprit du temps en matière de relations avec le peuple juif. Selon un théologien de l'époque, les raisons du discrédit dans lequel était tombée l'Association étaient évidentes. M. Macina résume ses critiques, où se reflètent les conceptions chrétiennes traditionnelles sur le peuple juif. • Est-il légitime de dissimuler le rôle joué par Israël envers le Christ? • Peut-on passer sous silence l'infidélité d'Israël à sa mission, sa participation à la mort du Christ? • Pourquoi omettre systématiquement le mot conversion, après le châtiment divin que constitua la ruine de Jérusalem, et alors que l'incrédulité juive a perduré au long des siècles? Le même censeur reproche à la brochure "Pax super Israel" de comporter le texte suivant: «S'est ensuivie, à partir des livres et des discussions des Pères “contre les Juifs”, une certaine dureté et un éloignement mutuel des cœurs. Insister sur cette histoire ne serait utile à personne.» «Semblable passage, estime ce théologien, paraît supposer un blâme général de l'attitude des Pères envers les Juifs.» Et d’émettre une critique où affleurent des stéréotypes antijudaïques: «Certes, il faut montrer aux juifs que leur race n'est l'objet d'aucun mépris, d'aucune prévention de notre part, mais faut-il, pour favoriser les conversions, magnifier sans cesse la race comme telle, et créer… chez les convertis, une sorte de “séparatisme” ombrageux et fier?… Ce n'est pas préparer des conversions que de renforcer chez les Juifs, si farouchement nationalistes déjà, un état d'esprit foncièrement “anti-catholique”, et dont saint Paul a dit admirablement les lacunes et les déficiences.»
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01421755 , version 1 (22-12-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01421755 , version 1

Citer

Menahem R. Macina. Amis d'Israël. Une initiative prématurée mais instructive. Sens. Juifs et chrétiens dans le monde d'aujourd'hui, 1998, Inlassables dialogues, Nouvelle Série n° 228 (5), pp.242-246. ⟨hal-01421755⟩
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