L'énigme des prophéties et oracles à portée "macchabéenne" et leur application ἐκ προσώπου selon l'exégèse antiochienne
Résumé
Après avoir resitué l'expression ἐκ προσώπου dans son contexte rhétorique, l'auteur s'efforce de démontrer qu'en ce qui concerne le courant antiochien d'interprétation des Ecritures, il ne s'agit pas, comme l''affirment nombre de spécialistes, d'un artifice littéraire destiné à éluder une difficulté objective du texte, mais plutôt d'une transposition, dans les catégories de l'art oratoire du temps, d'un processus inhérent à l'inspiration des textes scripturaires.
En effet, si David n'a pas parlé en la personne du Christ, lorsqu'il s'exclame prophétiquement "dans ma soif ils m'ont abreuvé de vinaigre", alors les prophètes ont prophétisé en vain, et l'accomplissement des Ecritures "jusqu'au point sur l'i et au moindre trait" n'est qu'un leurre ou une hyperbole littéraire de Jésus ou des rédacteurs de l'Evangile.
A en croire l'auteur, l'effort des Antiochiens pour "justifier" l'Ecriture et préserver son caractère inspiré, tout en cherchant à à intégrer le processus d'imputation prophétique et oraculaire dans les catégories existantes du système rhétorique, quels qu'en soient l'imperfection ou le relatif arbitraire, mérite mieux qu'un haussement d'épaules dédaigneux. Tout au contraire, affirme-t-il, il peut servir d'exemple et de propédeutique, à nous autres, modernes, qui, juchés sur les épaules de nos aînés, ne devons pas nous enorgueillir et nous croire plus grand eux, mais apprendre d'eux.