Un corps sans sexe ? Un procès en nullité de mariage et un verdict confondants dans la France du XIXe siècle
Résumé
L e 29 avril 1869, se déroule au tribunal civil d'Alès le premier acte d'un procès qui connaît plusieurs rebondis-sements jusqu'en 1873 et un retentissement spectaculaire. Il n'est pas jusqu'au Petit Journal, journal populaire qui tire à plus de 300 000 exemplaires, qui y dépêche un correspondant particulier. Loin d'un crime sordide susceptible de doper les ventes du journal, il s'agit ici d'un contentieux relevant du privé. Plus encore, de l'intimité viscérale de chaque individu puisqu'un mari demande la nullité de son mariage au motif que sa femme, dépourvue des « organes naturels constitutifs de son sexe », n'en serait pas une (Tribunal civil d'Alès, 1869). Et voilà les magistrats, ici comme dans au moins vingt-quatre autres affaires du même type au XIX e siècle, face aux experts médicaux les plus fameux pour confondre le sexe suspect, composant avec le biologique quand le code civil de 1804 en avait été expurgé parles législateurs : une alliance de circons-tance qui va aboutir à un verdict pour le moins étonnant (G. Houbre, 2015). Antoine Darbousse et Justine Jumas se marient le 20 décembre 1866, à Alès, dans le Gard. Les époux appartiennent à deux vieilles familles de la bourgeoise protestante cévenole et se connaissent fort bien depuis l'enfance. Le mari, âgé de vingt-trois ans, s'illustre déjà dans la sériciculture, activité traditionnelle de la région. Justine Jumas, vingt-cinq ans, sans 1. Cet article puise une partie de son argumen-taire dans deux précédentes publications en 2012 et 2015.
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Un corps sans sexe ?, Corps et psychisme, n° 69, 2016.pdf (136.09 Ko)
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