La tragédie Von Alexandro Magno (1558) de Hans Sachs
Résumé
Hans Sachs est, avec sa Lucretia (1527), le premier introducteur de la tragédie en langue alle-mande. Avant d’écrire son ample tragédie en sept actes Von Alexander Magno, dem könig Macedonie, sein geburt, leben und endt (1558), il a éprouvé à diverses reprises le thème d’Alexandre : d’abord dans quatre chants de Maître et un Jeu de carnaval, circonscrits à un ou plusieurs épisodes de la geste, puis dans trois historiae, dont la dernière, qui précède de quelques mois la rédaction de la tragédie, retrace la vie du roi de Macédoine en un poème épique synthétique de 400 vers. Ces textes préalables font office à la fois d’exercices de style et de mémento dans une phase d’appropriation progressive de la matière nourrie par des sources multiples. Le poète cordonnier, infatigable lecteur et polygraphe qui n’avait qu’une connaissance sommaire du latin, découvrit les hauts faits d’Alexandre le Grand par la médiation des chroniques allemandes de Schedel (1493) et de Sebastian Franck (1531) ainsi que par les traductions du De casibus virorum illustrium de Boccace par Hieronymus Ziegler (1545), des Histoires philippiques de Justin et des Vies parallèles de Plutarque par Hieronymus Boner (1531, 1547) et surtout du Roman d'Alexandre du Pseudo-Callisthène par Johannes Hartlieb (1472).
La communication montre comment l’auteur croise les sources pour dresser d’Alexandre un portrait ambivalent qui débouche sur une contre-idéalisation du roi conquérant. Le genre judiciaire propre à la tragédie autorise la confrontation de l’hybris, de la tyrannie et de l’expansionnisme avec les vertus aristotéliciennes de la tempérance, de la phronèsis et du bien commun (gmein nutz). Se dessine en creux l’éthique républicaniste du Nurembergeois.