Désir et imitation
Résumé
L’éducation met en relation les individus. Traditionnellement, on conçoit celle-là selon un schéma asymétrique : certains apprennent à d’autres, ces derniers apprennent des premiers. Mais si on se demande ce qui est premièrement en jeu dans l’éducation, c’est moins une problématique de transmission qu’une problématique formative : comment mettre en branle les énergies des individus pour qu’ils se forment – eux-mêmes et entre eux ? Ce qui est au cœur de la relation éducative, c’est d’abord le désir et ses conditions de circulation. Cette priorité ontologique n’a pas qu’une visée éthique : elle fonde pareillement les conditions épistémologiques de construction du savoir au sein de l’apprentissage. Le vrai problème de l’éducation est donc : comment partager avec l’autre mon désir de connaître pour que nous puissions apprendre des choses l’un de l’autre en participant à une communauté de recherche. Pour explorer ce problème, l’auteur s’appuie sur Spinoza, Gabriel Tarde et René Girard : trois grands penseurs du rapport entre désir et imitation. En essayant d’articuler leurs analyses, qui se complètent plus qu’elles ne se contredisent, il est possible de comprendre la dynamique du désir : son réquisit d’égalité épistémique ; sa puissance transindividuelle de modifier, de part et d’autre, les acteurs du geste éducatif ; l’horizon proprement politique de convenance qu’elle permet d’instituer entre les individus.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte