De la mer nourricière à la mer de loisir, les peintres et la transgression du regard en Bretagne
Résumé
La représentation que l’on se fait d’une destinatio
n touristique est souvent construite et
correspond à son temps, mais s’ancre parfois pour l
es destinations touristiques anciennes dans
des schémas de représentation plus complexes mêlant
une référence littéraire à un tableau, un
vieux film ou un récit de voyage. A la naissance du
tourisme, à la fin du XVIII
ème
et surtout au
XIX
ème
siècle, le récit de voyage, la poésie, laissent pe
u à peu la place à la peinture, puis à
l’affiche avant la diffusion massive des cartes pos
tales. Dans ce contexte, les peintres inspirés
par une culture classique mais aussi par les grands
mouvements de leur époque : le
Romantisme, le Réalisme et le Naturalisme, comme le
Parnasse et même le Symbolisme vont
être les premiers promoteurs touristiques, transgre
ssant les codes imposés. Les scènes de bain
sur la plage remplacent, la classique naissance de
Vénus, et les marins pêcheurs au travail
investissent les toiles pour s’effacer devant la be
auté intrinsèque d’une baie, d’une falaise, ou
d’une plage rieuse. La Bretagne suscite au XIX
ème
siècle un extraordinaire engouement auprès
de peintres comme Tuner, Corot, Boudin, Lansyer, ou
encore Monet. Séduits par ses paysages
marins, ses petites cités médiévales, ses monuments
religieux et ses traditions, nombre
d’artistes quittent ainsi l’Île-de-France pour se r
egrouper, d’abord à Douarnenez ou à Pont-
Aven, puis créer des colonies dans des ports de pêc
he comme Cancale, le Croisic, Camaret,
ou Concarneau. Si leurs thèmes et leurs techniques
évoluent, ils participent au désir de rivage
de ce siècle et contribuent à la création de l’imag
e touristique de ces premiers lieux de
villégiature.