Représentation des risques liés à une éruption de la montagne Pelée, Martinique. Confrontation des points de vue des populations proches (Saint-Pierre, Le Prêcheur et Le Morne-Rouge) et des volcanologues.
Résumé
Les travaux conduits au cours des vingt dernières années à la Montagne Pelée, sur les produits de la période d'activité récente (6 000 ans), ont permis d'identifier six grands types d'éruptions caractéristiques de l'histoire du volcan, et susceptibles de se reproduire dans le futur. La diversité des scénarios éruptifs envisageables complique l’évaluation et la cartographie des risques volcaniques et rendra délicate la gestion d'une prochaine crise. Outre la prise en compte de la diversité des phénomènes physiques et de leur probabilité d'occurrence, l’évaluation du risque passe par une bonne connaissance de la vulnérabilité des éléments exposés et, en particulier, de la perception qu'a la population des manifestations de la Pelée. Dans le but de mieux cerner cette perception, une campagne d'enquêtes a été engagée en 1993 el poursuivie en 1994. Elle a concerné les communes de Saint-Pierre (5000 habitants), du Prêcheur (2 100 habitants) et du Morne Rouge (5 300 habitants). Saint-Pierre (29 000 victimes) et le Morne Rouge (1 000 victimes) ont été durement affectées respectivement lors des paroxysmes des 8 mai et 30 août 1902.
186 enquêtes ont été réalisées dans les trois communes. Elles permettent de connaître la manière dont les personnes interrogées perçoivent les espaces menacés en cas d'éruption, les phénomènes susceptibles de se produire, le déroulement dans le temps d'une crise et de comparer ces points de vue avec ceux des spécialistes. L'une des particularités du questionnaire a été de fournir un mode d'expression cartographique aux personnes soumises à l'enquête (PSE). Des fonds de carte de la Martinique, dotés de points de repère, ont été complétés par ces personnes qui ont représenté, avec des plages de couleurs, les lieux considérés comme les plus menacés en cas d'éruption. Toutes les cartes ont été saisies sur un Système d'Information Géographique (Map II), chacune constituant un plan d'information géographique. Les plans d'information ont été superposés et combinés. Les documents résultant de cette opération (cartes de la perception des espaces exposés) ont été comparés aux cartes de zonage des aléas volcaniques établies par les volcanologues.