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Communication Dans Un Congrès Année : 2021

Gourmont et l’art populaire

Résumé

L’art populaire est piégé : les artistes, depuis Baudelaire, tentent d’y puiser une créativité non soumise aux impératifs de la société moderne, un anti-académisme . Dans cette notion fourre-tout, on trouve à cette époque aussi bien les images pieuses, la culture régionale, les fétiches exotiques volés par l’entreprise colonialiste que l’art préhistorique ou les primitifs italiens . Les Symbolistes, après Nodier, Baudelaire, Courbet, Huysmans, présentent l’art populaire comme une source d’inspiration originale et originelle, en prise directe avec le jaillissement poétique ; le lyrisme symboliste est pensé comme une manifestation d’une seule et même forme de création, qui oppose à l’académisme mortifère de la prosodie classique la vitalité d’un art naïf et pur, et à la culture commerciale de la Belle Époque l’utopie d’une culture pré-industrielle . Gourmont partage cette utopie : il écrit de fausses ballades populaires, fonde avec Jarry L’Ymagier, une revue mettant sur le même plan l’école de Pont-Aven autour de Gauguin et les estampes d’Épinal, écrit, sous le pseudonyme de Drexelius, des comptes rendus sur les publications liées au Folklore dans le Mercure de France. Mais le concept même d’art populaire a été créé de toute pièce, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, par des sociétés savantes bourgeoises, par des commissions ministérielles, par un État en mal de légitimité qui invente le patrimoine pour remplacer la religion et le lien social sacré qui a disparu dans les États-Nations modernes. On invente de toute pièce des costumes régionaux, on sélectionne chansons et productions populaires en vertu d’une cohérence souvent inexistante, pour proposer des représentations idéalisés d’un peuple français paysan, uni par une terre et une culture commune, alors que l’entreprise capitaliste occidentale est en train de faire disparaître toutes les formes de cultures locales et de menacer la stabilité fragile des Nations modernes . Être dupe de cet art populaire, c’est prendre le risque d’un nationalisme borné ; c’est confondre le peuple façonné par l’école et l’État (nos ancêtres les Gaulois, les paysans proches de la terre...) avec une véritable communauté. Ma question sera simple : Gourmont tombe-t-il dans ce piège ? Quelle utilisation fait-il de la culture populaire, qui l’intéresse déjà avant qu’il ne devienne symboliste ? J’ai sélectionné trois paradoxes, liés à cet éloge de la culture populaire, qui permettront d’y voir plus clair.

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Citer

Julien Schuh. Gourmont et l’art populaire. (Re)lire Remy de Gourmont – 1915-2015, Vincent Gogibu; Sophie Lucet, Apr 2015, Paris, France. pp.419-445. ⟨hal-01140227⟩
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