Foucault à l'œuvre.
Résumé
On pourrait être tenté, comme c’est l’usage dans ce genre d’occasions, de pointer quelques concepts clefs qui permettraient d’articuler une oeuvre à son temps, de rapporter des textes aux questions auxquelles ils répondaient, de balayer d’un seul regard, même éclaté, toute l’ampleur de l’oeuvre. Très vite on renonce. « Dispositif » ? « A priori » ? « Archive » ? « Epistémè » ? « Discours » ? « Pouvoir » ? « Justice » ? « Sens » ? « Norme » ? « Folie » ? Dans une première strate conceptuelle. Mais on ne pourrait alors ignorer une seconde strate où l’on trouverait « écriture », « auteur », « corps », « soi », etc. Sur chacun de ces concepts, les revendications sont si nombreuses, si hétérogènes ; et les tentatives de mise à plat si frustrantes, qu’on est conduit à l’humilité. Cette prudence méthodologique pour aborder l’oeuvre de Foucault, ne doit cependant pas masquer ce qu’elle voudrait trouver : Foucault fait penser, dans des champs extrêmement divers, à des périodes diverses et selon des méthodes diverses elles aussi. Cela constitue le point de départ simple de ce projet. On a compris que l’objectif de faire rendre raison à cette oeuvre et la mettre en coupe réglée, serait déraisonnable, même si certains, avec des objectifs très légitimes d’introduction à l’oeuvre (aux oeuvres ?), ou de minutieux commentaires, s’y sont essayé, parfois avec quelque réussite. Il suffit de penser que l’oeuvre elle-même a suscité d’autres oeuvres, citons Deleuze, pour encourager encore à la prudence. Foucault nous fait penser. C’est de là que nous sommes partis. Ce volume rassemble les contributions qui ont suscité nos réflexions et structuré nos débats tout au long de ces deux années de séminaire (2004-2005) consacré à Michel Foucault.