Des paysans contre la faim. La « souveraineté alimentaire », naissance d’une cause paysanne transnationale
Résumé
Cet article revient sur l’apparition de la notion de la « souveraineté alimentaire » sur la scène internationale et sur son lien étroit avec le mouvement paysan international La Vía Campesina. Alors que les solutions apportées à la « faim dans le monde » demeuraient centrées, sous l’influence des instances internationales, sur des considérations liées à l’augmentation de la production agricole et à la libéralisation des politiques agricoles, les militant-e-s de La Vía Campesina ont en effet réussi à opérer un déplacement majeur dans le « cadrage » historiquement institué de ce problème public. En posant en effet deux questions n’ayant jusqu’alors pas reçu à leurs yeux de réponses satisfaisantes : « qui produit l’alimentation ? » et « comment la nourriture est-elle produite ? » – deux questions ayant pour objectif de refocaliser l’attention vers le rôle joué par les « petits paysans » dans la production d’alimentation et vers un mode de production écologiquement viable – cet article montre qu'ils ont contribué à reconfigurer les liens habituellement tissés dans l’arène publique internationale entre alimentation et agriculture autour du problème de la « faim dans le monde » . En s'appuyant sur la perspective des « cadres de l’action collective » croisée avec une approche en terme de problèmes publics, on s'efforce dans cet article de saisir le processus de construction d’une cause paysanne transnationale dans le contexte d’une situation définie comme problématique par de multiples agents, puis d’examiner les contraintes découlant pour un mouvement social de l’adoption d’un cadre plutôt que d’un autre, l’opportunité de suivre une voie juridique en vue de faire reconnaître un « droit à la souveraineté alimentaire » s'étant trouvée au coeur des questions stratégiques du mouvement La Vía Campesina.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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