The role of the moving image in the representation of a sensible dialogue between users and space - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

The role of the moving image in the representation of a sensible dialogue between users and space

Résumé

Depuis le XVe siècle, les règles établies par la perspectiva artificialis, dite aussi centrale, engendrent une représentation construite autour d'un point visuel unique. Cette construction mathématique nécessite du regardeur qu'il observe les œuvres depuis un seul point, le " point de l'œil ". L'implication de l'œil comme élément essentiel de la construction de la représentation a fait de l'architecture un objet du regard. La place du regardeur, qui à la Renaissance devient acteur de l'œuvre - puisque s'il ne se prend pas au jeu, le système constructif n'a pas lieu d'être - peut être rapprochée de ce qui est réalisé au début du XXe siècle. En effet, l'œuvre cubiste par sa nouvelle conception de l'espace convoque le regardeur à la découverte du tableau à travers le temps. Le temps nécessaire à l'œil de lire l'image à travers les fragments qui la composent, alors dans une lecture dynamique à la surface du plan, là où la perspective implique une lecture linéaire au cœur de l'image. Le rendu de l'objet dans la totalité de ses points de vues qu'expérimentent P. Picasso et G. Braque dès 1906 en peinture, fait de la surface de la toile un support de l'espace et du temps. La confrontation des fragments impose une dynamique de l'œil [Moholy-Nagy ; 1956]. Pourtant, la dynamique espérée par cette fragmentation reste peu opérationnelle. La densité des couleurs, de la matière et des formes, fige la représentation. L'œuvre assemblée, ou collée, que réalisent les avant-gardes artistiques à la même époque en réponse au mouvement initié par le cinématographe, permet l'élaboration d'une représentation bidimensionnelle construite à partir d'un ensemble de fragments. Cette nouvelle règle de construction à partir de différents matériaux libère le regard de l'artiste tout autant que celui du public. Les collages chez les avant-gardes artistiques, en particulier les Constructivistes Russes, jusqu'aux "collages mouvants" de Laszlo Moholy-Nagy, ou d'Hans Richter, créent des expériences spatiales dynamiques en trois dimensions, à partir d'images fixes ou animées en deux dimensions. La suppression du point d'attraction au profit d'une série de points répartis sur le plan multiplie les interactions entre l'image et l'individu. L'espace construit, qui nécessite le déplacement permanent du corps et de l'œil va intégrer la représentation en acte, comme outil pour penser et pour montrer. Dès 1921, Mies Van der Rohe propose l'accumulation d'images, ou de morceaux d'images, comme outil de représentation de l'espace architectural, et implique une lecture mouvante de la part de l'observateur. Une lecture, dans le temps des images et de la composition que réalise l'ensemble des fragments qui la compose, mais aussi une lecture dans l'espace compris à la fois comme espace des images et comme espace de la construction proposée par ces images. Par ses collages, ou ses photomontages, Mies Van der Rohe, élabore une pensée dynamique du projet qui est aussi un formidable outil de compréhension de l'espace représenté. Au XXIe siècle, l'espace, architectural et urbain, ne peut être pensé comme une image fixe. Sa (ses) représentation(s) et la réalité de l'édifice construit nécessitent de penser le regard (de nos deux yeux) en mouvement. La représentation a rompu avec la statique apparente construite par la perspective d'Alberti, pour se rapprocher, tout comme l'art contemporain, de l'homme et de la vie. L'utilisation de l'image mouvante et la réalisation de films pour concevoir ou analyser l'architecture ne se manifestent que dans le courant des années 1980, avec l'apparition d'outils performants et d'un emploi simple. Depuis 2003, l'image mouvante a pris une place centrale dans nos recherches et notre enseignement de l'architecture. Elle nous permet de poser un regard sur l'espace contemporain, dans un dialogue direct avec celui-ci, à travers ses mutations constantes, dans ses fonctionnements comme dans ces dysfonctionnements, et d'en exprimer les caractéristiques. Par une technique proche de " l'iconologie de l'intervalle " [Agemben ; 1998] développée par Aby Warburg dans les années 1920, nous considérons le dialogue (par le montage) des images mouvantes d'un même espace architectural, entre elles ou avec des images de références, comme un processus " déclencheur " de réactions critiques, et de représentation. Ces travaux intègrent à la représentation architecturale traditionnelle la dimension d'un espace-temps en mouvement et la multiplicité des points de vue. En effet, la caractéristique de la vidéo est de nous faire entrer dans un monde qui s'apprécie, entre autre, par le multiple et le mouvement. Au-delà de ce qui passe par l'œil et que les outils de représentation classiques peuvent faire, elle permet essentiellement de rendre le déplacement et les variations en temps réel; variation des points de vue, du clair au foncé, de la pénombre à l'éblouissement par exemple. Les techniques du montage et du collage construisent des espaces mouvants [Latek ; 2003] qui mettent l'individu-regardeur en relation consciente avec le réel. La vidéo intègre donc, dans son processus de réalisation, les mediums traditionnels de la représentation architecturale, c'est-à-dire, la tridimensionnalité de la maquette, la question du cadrage liée à la photographie, et le regard attentif et précis sur le réel nécessaire au dessin, ou au croquis. Mais par l'utilisation de la vidéo numérique, nous voulons ouvrir le champ de la représentation architecturale à une prise directe du réel, à partir de certaines de ses composantes, à savoir, le temps, le mouvement, ou encore le cadrage. Notre travail, proche des travaux artistiques contemporains, place la représentation de l'architecture dans le faire. La représentation architecturale construite par la technique de la vidéo, n'est plus le lieu capturé par la caméra, mais " [...] un lieu d'interprétation (représentation) des sens qui s'y croisent. "[Latek ; 2008]. Ce travail d'interprétation, c'est-à-dire de traduction, ou d'illustration des sensations produites par l'objet architectural, n'est qu'un moyen pour parvenir à montrer ou matérialiser les perceptions de l'espace, et donc, selon nous, à documenter le réel.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01058577 , version 1 (27-08-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01058577 , version 1

Citer

Anne Faure. The role of the moving image in the representation of a sensible dialogue between users and space. François Cooren et Alain Létourneau. (Re)presentations and Dialogue, John Benjamins Publishing Company, pp.257-269, 2012, Dialogue studies, 9789027210333. ⟨hal-01058577⟩

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