Probabilité et certitude
Résumé
Alors que le concept de probabilité s'est construit, philosophiquement et mathématiquement, dans son opposition à celui de certitude, le recours à un principe des probabilités négligeables conduit à poser comme équivalents, sous certaines conditions, le probable et le certain. Ce principe, compris comme proposition extérieure à la théorie elle-même, répond tout d'abord à une nécessité pratique, celle de limiter le champ des possibles pour rendre possible l'application du calcul des probabilités à l'analyse des décisions. Mais, il intervient également comme instrument de validation de la théorie, pour conférer à la probabilité une valeur objective. Il peut alors recevoir deux formes : physique et objective d'un côté, pragmatique et subjective de l'autre. Conjointement, il remplit une double fonction, pratique et épistémologique, mais sans qu'il y ait correspondance stricte entre formes et fonctions. L'article se propose de mettre en évidence cette polysémie et complexité du recours à l'idée de négligeabilité, en prenant appui plus particulièrement sur la pensée d'Émile Borel, sans toutefois s'y limiter.