Les jumeaux littéraires au XIXe siècle, merveille et monstruosité
Résumé
Après avoir rappelé la généalogie du mythe du Masque de fer, l'article s'interroge sur les raisons de son renouveau à l'époque romantique, avant de confronter sa mise en œuvre à travers trois poétiques : celle de Vigny dans " La Prison " (Poèmes antiques et modernes) ; celle de Hugo dans le drame Les Jumeaux ; celle de Dumas dans Le Vicomte de Bragelonne et Le Prisonnier de la Bastille, l'adaptation scénique de ce roman. En se fondant sur Une ténébreuse affaire de Balzac, Les Frères corses de Dumas et La Petite Fadette de Sand, l'auteure montre enfin comment le mythe du Masque de fer met en lumière une caractéristique commune aux jumeaux littéraires du XIXe siècle : si l'identité parfaite fait l'objet d'une exploitation merveilleuse, la merveille ne tarde jamais à s'inverser en monstruosité, du fait d'un état pervers de la société et, en dernière instance, d'une irruption de l'Histoire dans l'utopie. Le mythe gémellaire au XIXe siècle est donc à la fois nostalgique et critique.