L'institutionnalisation de la " culture scientifique et technique ", un fait social français (1970-2010) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Savoirs : Revue internationale de recherches en éducation et formation des adultes Année : 2012

L'institutionnalisation de la " culture scientifique et technique ", un fait social français (1970-2010)

Résumé

"Dans les publications françaises, " culture scientifique et technique " (CST) recouvre le champ intitulé ailleurs public understanding of science ou scientific literacy. Avant d'être consacrée par la loi (1982), cette CST a émergé d'hybridations entre acteurs socio-culturels et scientifiques. Un conseil national et un programme mobilisateur, des colloques ou états généraux ainsi qu'un réseau de centres ad hoc ont ensuite fait converger, derrière cette appellation, de multiples organisations. Désignant tout autant de la communication des laboratoires, de l'éducation populaire, des débats sur la gouvernance de la recherche voire des actions de promotion des études scientifiques et se nourrissant d'acquis et de travaux rattachés aux sciences de l'éduction, aux SIC, ou à la sociologie et aux sciences politiques, le champ de la CST a ainsi aggloméré des corpus disparates sans donner naissance à un cadre conceptuel intégrateur ou à des frontières précises. Ainsi, les résultats de ces politiques de CST ne peuvent être évalués en raison d'amalgames sémantiques et les discours en leur faveur se trouvent se répèter vainement depuis trois décennies. Entretenant l'illusion de pouvoir améliorer à la fois la détection de l'élite et le partage des savoirs par tous, ils oublient que le système d'enseignement initial est réglé pour ne retenir en bac scientifique qu'un quart de chaque classe d'âge et qu'il renforce ainsi, pour les ¾ restants, les obstacles cognitifs individuels en y ajoutant un obstacle " conatif " à même de produire ensuite une auto-prophétie de ne plus être capable de s'intéresser aux sciences. D'autant que la CST officielle étant une culture prescrite et non une culture vécue, elle renforce la rupture entre savoirs scientifiques et savoirs issus de la vie quotidienne, ce qui introduit une nouvelle forme d'obstacle épistémologique, qualifiable de " scolastique ". Coexistent ainsi deux familles de pratiques de CST. La première organise le dialogue entre scientifiques et profanes, sans remettre en cause ce clivage. La seconde favorise l'appropriation de savoirs scientifiques et de méthodes en s'autorisant à le transgresser. Alors que la première s'intéresse à la démocratie technoscientifique et non aux questions cognitives, la seconde est portée par des courants de l'éducation populaire et de l'autodirection. Ceux-ci militent pour des " savoirs choisis " et des apprenances à visée d'émancipation, par exemple pour gérer au mieux une maladie chronique, participer à des investigations militantes ou s'accomplir au travers de loisirs technoscientifiques expérimentaux. Mais, chacune de ces deux familles peut-elle exister sans l'autre ?"
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hal-00685389 , version 1 (15-10-2016)

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Citer

Olivier Las Vergnas. L'institutionnalisation de la " culture scientifique et technique ", un fait social français (1970-2010). Savoirs : Revue internationale de recherches en éducation et formation des adultes, 2012, 3 (27), pp.7-100. ⟨10.3917/savo.027.0009⟩. ⟨hal-00685389⟩
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