La faune marine dans la tombe de la chasse et de la pêche de Tarquina
Résumé
La présente réflexion porte sur des images étrusques du Vie siècle avant J.-C. C 'est dans le sens d'une interprétation historique que j'ab o rd e c es documents. Pour com prendre le sens d'une représentation, il convient d e la m ettre en relation a v e c les autres représentations d e l'ensemble du corpus des peintures, c'est-à-dire d e proposer une interprétation contextuelle du docum ent. L'historien dispose aussi d e textes qui peuvent com pléter l'information co n ten u e dans l'image, ou m êm e aider à mieux la com prendre. Le saut d e l'image au texte doit toutefois être o p é ré av ec b e a u c o u p d e précaution, car on peut ainsi facilement sur interpréter la première. Dans le cas d es images étrusques, la d é m a rch e est d'autant plus périlleuse que la civilisation étrusque ne nous a légué aucun texte littéraire. L'historien est en effet souvent tenté d'utiliser d e s sources littéraires grecques e t latines. C 'est une d é m a rch e qui ne va pas d e soi, m êm e si elle n'est p a s infondée. C om m e on va le voir, la mise en regard des com portem ents grecs est une incitation à pousser plus avant l'interprétation du docum ent. 5 ne s'agit pas d e plaquer indistinctement sur les réalités étrusques d e s clés étrangères, sans vérifier q u e les résultats atteints ne contredisent pas le reste d e la docum entation étrusque. L'étude p a rt des peintures d e la tom be d e la Chasse e t d e la p ê c h e , dont la deuxième cham bre présente un p a y s a g e aquatique, peuplé d'oiseaux e t de poissons. C 'e st c e tte faune que je vais étudier. L'homme n'est c e p e n d a n t pas ab sen t d e c e p a y sag e. ï est figuré en étroite relation avec la faune marine : plusieurs scènes d e p è c h e e t d e chasse sont représentées, qui font donc aussi l'objet d e c e tte étude. La tom be d e la Chasse et de la p êch e Lors du séminaire, l'étude a co m m e n cé par une description précise des peintures d e la s e c o n d e cham bre. J e renvoie à mon article (Lubtchansky 1998) où celle-ci figure en détail, ainsi q u e pour les illustrations. Elle m et en évidence la richesse d e c e bestiaire marin (canards, murènes, langouste, thons ?) et la précision descriptive des gestes halieutiques qui lie l'animal à l'homme : p ê c h e au harpon à droite, à l'ham eçon au centre e t peut-être au filet à gauche. On aurait la représentation d'un véritable program m e halieutique. Pour être tout à fait com plet, m anque la p ê c h e à la nasse, qui, selon les anciens, constitue la dernière d e s quatre techniques principales d e pêche dans l'antiquité (Oppien, Hal, III, 72-91 ; Élien, N A XII, 43). Le type d e p ê c h e choisi pour le p an n e au central, est celui qui était le plus considéré par les auteurs anciens. Élien (/VA XII, 43) en effet, dans sa description des quatre formes d e pêche, désigne la p ê c h e à l'ham eçon com m e la plus accom plie (sophota tê) e t la plus digne des hom m es libres (fois eleutherois pré p ô d e sfa tê). C om m ent interpréter le magnifique p a y s a g e marin qui se d é v e lo p p e sur les murs d e c e tte tom be ? On a souvent mis l'a b o n d a n c e des détails réalistes qui apparaissent d an s c e tte composition, ainsi q u e la richesse expressive d e la représentation, sur le com pte d'un goût particulier des Étrusques pour le paysage. La com paraison a v e c la tom be du Plongeur d e Paestum en particulier montre l'esprit totalem ent différent d'un thèm e à p e u près sem blable exécuté par un Grec : celui-ci va à l'essentiel. Mais s'agit-il bien en fait, dans ces deux monuments, du m êm e thèm e ? Agnès Rouverêt (1992) a proposé l'idée q u e le paysage marin d e la tom be d e la Chasse e t d e la p ê c h e ait pour but d e renforcer « le thèm e d e la puissance du seigneur étrusque, exprimé par le b anquet du fronton ». Elle s'appuie sur un p assag e d e V Odyssée où l'exploitation d e la mer est envisagée com m e faisant partie du gouvernem ent du bon roi. Les scènes d e p ê c h e seraient do n c une expression d e l'idéal aristocratique, au 120
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