Nomades et sédentaires : des chemins de traverse Deux exemples sibériens
Résumé
I s'agit d e quelques observations, effectuées dans le cad re d 'un program me entrepris a v e c F. David (UMR ArScAn-Ethnologie préhistorique) e t soutenu par l'Institut français pour la rech erch e e t technologie polaires a v e c la collaboration du CNRS e t du ministère des Affaires étrangères. À partir d e deux cas, elles montrent qu'il n'y a pas un chemin linéaire d e l'é ta t nom ade à l'état sédentaire, et tentent d e cerner dans les choix qui sont faits le rôle d e certains éléments, com m e l'environnement ou le poids d 'u n e tradition culturelle. Dans l'exem ple sibérien, la mise en place des agglomérations, c a d re d e la sédentarisation, s'est faite au m êm e m oment, selon les m êm es modalités, imposées par un pouvoir politique. Deux variables p eu v en t être cernées d ès le d é p a rt d e l'observation. Une prem ière concerne l'environnement : p a ssa n t d e s conditions extrêmes rencontrées au Taïmyr à des conditions in peu plus favorables au Kamtchatka. Une s e c o n d e concerne la culture. Les Dolganes du Taïmyr constituent un groupe relativement récent, m éla n g e d e plusieurs cultures; chasseurs, pêcheurs, éleveurs, iis associent sédentarisation e t nomadisme. Au Kam chatka, les Koriakes ont une culture ancienne qui affiche e n c o re ses traditions alors que ses m odes d e vie ont c h a n g é : les familles sont sédentarisées, et seuls les pasteurs transhument avec les troupeaux. L'environnement L'environnement joue m rôle essentiel puisque le p assage à la sédentarisation conduit à la mise en p lace d'agglom érations d o n t l'essor d é p e n d des « cap acités d e p o rtag e » d e l'environnement (cf. Patrice Brun). Dans ces régions, la variation saisonnière joue sur u i hiver rigoureux très long e t i_n é té te m p é ré court. Mais, autour d e 70° d e latitude, pendant sept à huit mois, toute végétation disparaît sous un tapis d e neige e t d 'e a u solide tandis q u e p e n d a n t les quatre mois d 'é té in dégel d e surface perm et une v é g é ta tio n au mieux buissonnante. En toundra à couloirs forestiers, vers 60° d e latitude, les plateaux e t m ontagnes d e type toundra sont creusés d e vallées fluviatiles qui offrent une végétation plus tem pérée. L'intensité d e l'exploitation du milieu naturel d e m êm e que la reproduction des ressources naturelles présentent des variations selon qu'il s'agit du végétal ou d e l'animal, fonctions elles aussi d e s types d e ressources offertes par l'environnement. Exploitation du milieu v é g é ta l L'utilisation du végétal, en particulier le ligneux est très importante, quelle que soit la latitude. En toundra plate, c 'e st une d e n ré e précieuse consom m ée a v e c économ ie e t si l'approvisionnement ne pose p as d e véritable problèm e en toundra forestière ou en taïga, dem eure toujours un souci d e prédation minimum e t d e bonne gestion. Eh toundra « rase », les Dolganes consomment p e u d e végétaux, si c e n'est les baies, cueillies à l'autom ne. La fragilité d e la végétation est une contrainte incontournable qui exclut tout travail agricole. Une exploitation extensive d e pastoralism e perm et que le prélèvem ent ne soit pas plus rapide que la vitesse d e régénération d e l'environnement. Du point d e vue du végétal, les « capacités d e p o rtag e » sont nulles, c e qui rend la sédentarisation impossible. En toundra à couloirs forestiers, les Koriaks, dans un environnement plus favorable, pratiquent une petite agriculture em bryonnaire qui vient en com plém ent d'une cueillette fortement pratiquée
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