"Consommations paysannes et économie de l’échange en France au XVIIIe siècle"
Résumé
Ce rapport de synthèse mesure l’insertion du peuple des campagnes dans les circuits de l’échange. Les études les plus récentes sur l’histoire de l’alimentation ou du vêtement montrent que les paysans du XVIIIe siècle, dans bon nombre de provinces françaises, ne sont absolument pas enfermés dans l’horizon étroit du local, mais que leurs consommations induisent une insertion dans l’économie de l’échange. Pour satisfaire à des besoins qui ne se limitent plus à l’autoconsommation ou à un approvisionnement local, les paysans développent des liens étroits avec le monde urbain. Ils vendent leurs productions en ville et achètent des produits d’origine parfois lointaine (sucre, café, coton). Cette consommation paysanne des produits commerciaux est une condition nécessaire au développement des spécialisations agricoles régionales. À travers ces relations développées entre villes et campagnes, les consommations paysannes se transforment. Ce désir de consommer, stimulateur de l’économie, s’il s’appuie sur des circuits commerciaux, emprunte également à d’autres voies (dons, vols, économie illicite) qui méritent d’être étudiées. Les intermédiaires et les réseaux qui permettent la mise en contact du peuple des campagnes avec les produits venus d’ailleurs (pas seulement de la ville, mais aussi d’autres campagnes) sont aussi à prendre en compte (épiciers, colporteurs).