Perdants et gagnants du développement logistique de la métropole parisienne : quelle géographie de la domination ?
Résumé
Les mutations générales des systèmes productifs et distributifs vers l’ ‘accumulation flexible’ (SCOTT, STORPER, 1986) ont conduit à un fort développement des activités logistiques, se structurant peu à peu en secteur économique propre. Or ce développement économique prend principalement place au sein des périphéries urbaines des grandes métropoles. Cette géographie fait-elle de ces territoires périphériques logistiques des territoires dominés à l’échelle de la métropole et de la division internationale du travail ? Cette question peut-être interrogée selon les deux circuits du capital de Harvey (1978). Les activités logistiques sont périphériques dans la chaîne de valeur, au service tant de la production que de la consommation. Spatialement, ces activités seraient donc destinées à des périphéries dominées, aux perdants de la compétition territoriale pour capter la valeur ajoutée (HARVEY, 1989 ; 2004). Cependant, cette géographie s’inscrit tout autant dans la fragmentation socio-fonctionnelle héritée de l’industrialisation que dans le développement périurbain général de la métropole parisienne. Parallèlement, ce développement économique nécessite un environnement bâti important : de l’immobilier, des infrastructures. Un examen de la production des espaces logistiques montrent une financiarisation poussée de cet immobilier conduisant à des formes de privatisation de l’aménagement des zones d’activités nécessaires à cet immobilier. Comment ces deux circuits, et leurs différentes échelles de domination, s’articulent-t-ils ? Dans quelle mesure la domination relève-t-elle des logiques propres au secteur logistique et dans quelle mesure relève-t-elle du mode de production de l’espace logistique ? Il apparait notamment que l’espace périurbain, et son déficit public et politique (VANIER, 2000), constitue un ‘spatial fix’ (HARVEY, 1982) pour un développement immobilier logistique financiarisé. Les vacances politiques du tiers espace sont propices au déploiement des logiques de marché. Les acteurs privés de l’urbanisation logistique sont à même de constituer localement des coalitions de croissance permettant les développements immobiliers souhaitées. La situation spatiale périphérique des zones logistiques constitue en ce sens une ressource offrant un gain de pouvoir à ces acteurs. Apparait ainsi une logique spatiale, peut-être néolibérale (LORRAIN, 2011), de la métropole consistant à repousser certaines fonctions-supports, et donc à se désintéresser de leur régulation. Le développement logistique est ainsi relégué aux marges de l’action publique. La dimension spatiale de ce mécanisme est l’objet de ce travail. Nous nous appuierons dans un premier temps sur un travail statistique et cartographique de la géographie des implantations logistiques (RAIMBAULT, BAHOKEN, 2012) pour caractériser les périphéries supportant le développement logistique dans la métropole parisienne. Puis, grâce à un travail de terrain mené auprès d’acteurs de l’aménagement, de l’immobilier logistique et de projets logistiques en Seine-et-Marne, nous analyserons les ressorts à la fois en termes d’immobilier et d’actions publiques de la fabrique des espaces logistiques.
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Géographie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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