Architecture et gouvernance : Le cas des architectures distribuées sur Internet - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Pensée Plurielle - Parole, pratiques et réflexions du social Année : 2014

Architecture et gouvernance : Le cas des architectures distribuées sur Internet

Résumé

L'internet nous a appris qu'on ne peut plus débattre sérieusement de la gouvernance du réseau sans passer désormais par l'analyse des grandes architectures techniques qui en structurent l'exercice. En effet, toute architecture (quelle qu'en soit la nature) met en espace des règles et des pouvoirs et organise la circulation des personnes ou des choses. Dans le domaine des architectures numériques, Internet est né comme réseau dont l'infrastructure décentralisée a été construite autour d'un mouvement ouvert, collaboratif et coordonné d'internautes. Aucun pouvoir central n'en a contrôlé l'émergence. Pourtant, au fil des ans, son architecture qui s'affirmait de plus en plus comme espace public s'est recentralisée. Internet est entré doucement sous la juridiction des États, qui tentent toujours plus d'en contrôler l'infrastructure et d'en guider l'évolution. Ses architectures sont alors devenues contrôlables: on a pu en voir les effets dans de nombreux régimes non démocratiques. Ainsi, Internet ne peut plus être conçu aujourd'hui comme le lieu emblématique de la liberté d'expression ou de l'anarchie libertaire qui présidaient à son origine. Face à la centralisation et la régulation croissante du réseau, de nouvelles architectures se sont peu à peu développées palliant les déficits de démocratie et tentant d'en restaurer les principes originels. Mais ces architectures dites distribuées ou pair à pair sont allées plus loin dans cette exigence : plus locales, plus anarchiques, plus activistes, elles ont cherché à inventer, après l'expérience du web 2.0, de nouveaux modes de gouvernance qui subsistent au cœur même de l'infrastructure technique du réseau. Nous décrirons, dans cet article, l'évolution de ces nouvelles architectures en nous concentrant sur la façon dont elles peuvent relancer le débat sur certains fondements de la démocratie sur internet. Nous prendrons comme étude de cas celle d'un "réseau mesh" (mesh networking) dont l'architecture a été conçue pour répondre d'abord aux attaques des États autoritaires et à la fracture numérique, mais qui régule aujourd'hui des formes particulières d'expression politique proches de ce qui pourrait fonder une "démocratie distribuée". C'est à partir de ce concept que nous nous efforcerons de décrire une nouvelle façon de penser la "démocratie technique". Nous verrons enfin comment les divers modes de régulation qui se sont développées sur le réseau peuvent être reliés à l'évolution des principes démocratiques. La loi traditionnellement définissait de façon descendante la manière dont les normes encadraient les infrastructures. Aujourd'hui, c'est l'architecture même des réseaux qui va déterminer les normes "techniques", normes qui, de façon ascendante, iront influencer les comportements des utilisateurs du réseau.
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Identifiants

  • HAL Id : hal-01026110 , version 1

Citer

Primavera de Filippi, Danièle Bourcier. Architecture et gouvernance : Le cas des architectures distribuées sur Internet. Pensée Plurielle - Parole, pratiques et réflexions du social , 2014, pp.42. ⟨hal-01026110⟩
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