EXPERIENCE ET MOBILITE PROFESSIONNELLES : LE POINT DE VUE DES EMPLOYEURS
Résumé
Lors d'un recrutement, l'expérience professionnelle est ordinairement appréhendée comme un complément au diplôme. Elle est le révélateur de l'assimilation d'une réalité professionnelle spécifique, que l'on peut espérer transférable, et, dans une perspective constructiviste, d'une capacité à développer et restructurer ses savoirs grâce à l'interaction avec le milieu. Les mises en situation, les résolutions de problème, la confrontation des approches mais aussi la transmission plus classique des connaissances, caractéristiques de l'expérience professionnelle, conduisent à combiner différents modes d'appropriation des savoirs qui favorisent l'apprentissage et déterminent l'efficacité au poste de travail. Nous postulons alors que, dans une perspective de mobilité professionnelle, cet apport de l'expérience est un avantage évident, au bénéfice de son porteur. Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons mené une enquête qualitative auprès de dix entreprises industrielles de plus de 500 salariés implantées en France. A travers le discours des recruteurs interviewés, nous avons recherché l'influence de l'expérience professionnelle dans le processus décisionnel. Nous avons alors constaté que si l'expérience est indispensable pour des postes qui reposent sur une exigence de professionnalisme, elle peut aussi apparaître comme un handicap : lorsqu'elle n'est pas jugée nécessaire, par exemple en présence d'un fonctionnement essentiellement procédural, ou lorsque la spécialisation qu'elle révèle ne garantit pas la transférabilité dans un autre contexte, lui donnant ainsi une dimension réductrice. A partir de ce constat, nous estimons que les employeurs devraient développer une nouvelle lecture de cette expérience pour la reconnaître comme le signal d'une capacité à apprendre, condition de l'employabilité des salariés.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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