Citoyenneté et identité en République . Vers une identité républicaine ? L'identification policière au coeur des politiques de « mise en ordre » : retour sur Bertillon et l'anthropométrie judiciaire.((1880-1970)” - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2010

Citoyenneté et identité en République . Vers une identité républicaine ? L'identification policière au coeur des politiques de « mise en ordre » : retour sur Bertillon et l'anthropométrie judiciaire.((1880-1970)”

Résumé

At the end of the nineteenth century in France, industrial growth and urbanisation radically changed the way of life and destabilised an important part of the population. The new Third Republic advocated values of order, stability and labour and was willing to do everything possible to have them respected. This was the age of the workers' poverty and of important commotions, of passion and profusion of ideas during which violence was considered as negative. Crime reflected the fears of a society on the move and the man of that time wanted to control everything. Criminal anthropometry appeared in such a context. This method was invented by a man called Alphonse Bertillon. This was a new weapon for a policy of repression as well as a revolutionary technique because it put identification and identity at the centre of government's policies and it introduced a spirit and principles that still exist today. For the first time this method enabled the scientific identification of offenders and the sanction of recidivists. The introduction of an elaborate and efficient criminal record was made possible by the drawing up of a strict description of defendants accompanied by a rational technique of classification. Such elements constituted the keystone of the anthropometric system. The evolution of this method, its implementation, its results and consequences will show us how it was a practice enabling first to maintain order and repression and then to introduce a republican technique (and policy) of government based on identity. This method emerged in the criminal context which was facing the fight against the crime and the increasing recidivism.
A fin du XIXème siècle français, la croissance industrielle et l'urbanisation ont bouleversé les modes d'existence, déstabilisant une frange importante de la population. Au pouvoir, la jeune Troisième République prône des valeurs d'ordre,de stabilité, de travail, et a la volonté de tout mettre en oeuvre afin de les faire respecter. Le crime est le terrain privilégié pour refléter les peurs d'une société en mouvement, et l'homme moderne veut tenter de tout maîtriser, tout contrôler... C'est dans ce contexte qu'apparaît l'anthropométrie judiciaire invention d'un homme nommé Alphonse Bertillon —, nouvelle arme d'une politique de répression et technique révolutionnaire, car plaçant l'identification et l'identité au coeur des politiques de gouvernement et initiant dès lors un esprit et des principes qui n'ont depuis jamais failli. Cette méthode permit d'établir scientifiquement l'identité des délinquants et de sanctionner en eux les récidivistes. L'établissement rigoureux des signalements des prévenus, juxtaposé à une technique rationnelle de classement, aboutit à l'instauration d'un fichierjudiciaire élaboré et efficace. Ces éléments forment la clef de voûte du système anthropométrique.Le cheminement de cette méthode, son application, ses résultats et ses conséquences vont nous montrer à quel point elle fut une pratique permettant d'établir dans un premier temps le maintien de l'ordre et la répression, et dansun second temps instaurer une politique républicaine de « mise en ordre » fondée sur l'identité. La loi du 16 juillet 1912 qui institue le carnet anthropométrique des nomades prend en compte implicitement les "signes de race". Le nomade est vu comme un élément d'une population qui se distingue par son altérité supposée criminelle et n'est pas perçu comme digne d'être un citoyen. En fait, le carnet anthropométrique a initié la stigmatisation de catégories d'individus sur les signes de race ou de nationalité. Bien que destinée aux récidivistes, l'anthropométrie judiciaire se caractérise comme une vraie technique républicaine de gouvernement et s'adresse à l'ensemble de la société, toute entière concernée. La question de la citoyenneté et de son accès est au coeur de ces mesures.
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hal-00550255 , version 1 (25-12-2010)

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  • HAL Id : hal-00550255 , version 1

Citer

Martine Kaluszynski. Citoyenneté et identité en République . Vers une identité républicaine ? L'identification policière au coeur des politiques de « mise en ordre » : retour sur Bertillon et l'anthropométrie judiciaire.((1880-1970)”. Denis Constant Martin. L'identité en Jeux. Pouvoirs, identifications, mobilisations., Khartala, pp.137-155, 2010, Recherches internationales. ⟨hal-00550255⟩
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