An Intellectual Biography of José Ortega y Gasset (1936-1946): Political Silence or Passive Collaboration?
Une biographie intellectuelle de José Ortega y Gasset pendant l’exil (1936-1946) : silence politique ou collaboration passive ?
Résumé
This research focuses on the biographical career, intellectual activity and political thought of the Spanish philosopher José Ortega y Gasset (1883-1955) during his exile, between the beginning of the Spanish Civil War (August 1936) and the end of the Second World War (May 1946): a crucial period in the life of the philosopher, but little known, due to the political taboo that hangs over these years. The starting point of the research is the 'political silence' that the philosopher decreed after resigning from his position as a deputy in the Constituent Assembly of the Second Spanish Republic at the end of 1932. This silence did not prevent Ortega from supporting, at first and in private, the military uprising of 18 July. This apparent contradiction between a declared political silence and a tacit adherence to Francoism has crystallized into a polemic that has obscured the understanding of Ortega's mature thinking and his role in the public sphere. The study, which attempts to overcome the hiatus between the philosophical and the historical-political approach, avoids the prejudices by which this silence is generally evaluated in the scarce critical literature on the period of this intellectual's exile.
Cette recherche porte sur le parcours biographique, l’activité intellectuelle et la pensée politique du philosophe espagnol José Ortega y Gasset (1883-1955) durant son exil, entre le début de la Guerre civile espagnole (août 1936) et la fin de la Seconde Guerre mondiale (mai 1946) : une période capitale de la vie du philosophe, mais mal connue, en raison du tabou politique qui pèse sur ces années. Le point de départ de la recherche est en effet le «silence politique» que décrète le philosophe après avoir démissionné de son poste de député à l’Assemblée constituante de la Seconde République espagnole, fin 1932. Un silence qui n’empêche pas qu’Ortega appuie, dans un premier temps et en privé, le soulèvement militaire du 18 juillet. Cette apparente contradiction entre un silence politique déclaré et une adhésion tacite au franquisme s’est cristallisée dans une polémique qui a obscurci la compréhension de la pensée mature d’Ortega et de son rôle dans la sphère publique. L’étude, qui tâche de surmonter le hiatus entre l’approche philosophique et l’approche historico-politique, évite les préjugés à partir desquels ce silence est généralement évalué dans la littérature critique, d’ailleurs très rare, qui existe sur la période de l’exil de cet intellectuel.
La thèse reconstruit le parcours biographique d’Ortega et la doctrine politique implicite à sa philosophie de l’histoire, pour en décoder la signification et la portée idéologiques, et en évaluer l’impact et la réception dans l’Espagne du premier franquisme comme dans les pays où le penseur a passé son exil.