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Hdr Année : 2020

L’illégitime

Résumé

Of Illegitimacy -- The HDR consists of three volumes. The first one is a report on the work carried out over the last fifteen years which gives its title to the set, Of Illegitimacy (Volume 1, 124 p.). It proposes an epistemological reflection on a research career, on reflexivity and the social science perspective from several research themes : the anthropological history of Palestinian refugees; gender, body and affects; secular and religious feminisms in Arab and Muslim societies; images and regimes of visibility and invisibility; borders, confinement and mobility in Israeli-Palestinian spaces; prison in Israel/Palestine; the challenges of narrative in the social sciences and post-disciplinarity around documentary cinema; engagement and alternative citizenships in Palestine and the Middle East. The issue of illegitimacy is at the core of this analysis. It deals with illegitimacy as an approach and with the illegitimate ones, those who are out of frame. It sets out the contours of an epistemology of illegitimacy constructed from a radical feminist positioning and a cinematographic epistemology. The second volume is an original manuscript, The Prison Web. A History of Imprisonment in Palestine (504 p., forthcoming), and finally the third one is a a selection of articles and works (624 p.). Since 1967, in the Occupied Palestinian Territories, incarceration in Israeli prisons has strongly impacted personal experiences and collective history. Massive arrests for political reasons have over time created a Prison web. A Prison web that is as much reality as it is virtuality: a possibility of imprisonment, a suspension without contours. It is both visible and always out of frame. It stands as an uncertainty. The penal practices applied to Palestinians residing in the Occupied Territories are decisive control mechanisms that contribute to a bordering system that is anchored on a specific mobility regime. They are part of the management of the nation's borders. Such borders are non-linear, have multiplied, are partly dematerialized, mobile and networked. At the same time, they are individualized and endless. Node and nucleus of the rhizome of control, the prison is not an isolate. Because of the porosity between the Inside and the Outside of the prison facilities, it is a key place to analyze the political processes and mobilizations in Palestine, and the prison citizenships that are developed there. The effects of this intertwining of Inside and Outside extend not only to the community of prisoners and former prisoners, but also to partisan and activist circles, to society, to Palestinian communities in the West Bank, Jerusalem, Gaza and Israel, and to the inhabitants of the occupied Golan Heights. Over time, this porosity has melted the Inside and Outside into a shared prison ethos. The Prison web has captured territorial and relational space, bodies and minds. This text addresses the borders between these spaces. It analyzes the relations, the interconnections between the Inside and the Outside. It deals with the prison subjectivities from 1967 onwards, through generations of inmates. The omnipresence of the prison has strongly influenced subjectivities in the Territories. As a socialization process, prison is incorporated. It affects deeply gender relations, masculinities, feminities and personal experiences. For some, it is an endless place whose hold lasts post-mortem.
Ce dossier de HDR est composé de trois volumes. Le mémoire de synthèse, L’illégitime (Volume 1,124 p.) donne son titre à l’ensemble. Autour de la question de l’illégitime comme trame, comme approche, et des illégitimes - celles et ceux qui se trouvent hors-champ - comme sujets, ce texte propose une réflexion épistémologique sur un parcours et sur le point de vue à partir de grands thèmes de recherche : l’histoire anthropologique des réfugié·es palestiniens ; le genre, le corps et les affects ; les féminismes, séculiers et religieux, dans les sociétés arabes et musulmanes ; les images et les régimes de visibilité et d’invisibilité ; les frontières, l’enfermement et les mobilités dans les espaces israélo-palestiniens ; le carcéral en Israël/Palestine ; les enjeux de la narration en sciences sociales et de la post-disciplinarité autour du cinéma documentaire ; l’engagement et les citoyennetés alternatives en Palestine et au Moyen-Orient. Il pose les contours d’une épistémologie de l’illégitime construite à partir d’un positionnement féministe radical et d’une épistémologie cinématographique. Le manuscrit original La toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine compose le Volume 2 (504 p, en cours de publication), et une sélection d’articles et travaux le Volume 3 (624 p.). Dans les Territoires palestiniens, depuis l’occupation de 1967, le passage par les prisons israéliennes a marqué les histoires personnelles et collective. Les arrestations et les incarcérations massives pour des motifs d’ordre politique ont au fil du temps installé une toile carcérale. Une toile carcérale qui est tout autant réalité que virtualité : une possibilité d’emprisonner, une suspension sans contours, à la fois visible et toujours hors-champ, une incertitude. Les pratiques pénales appliquées aux Palestiniens résidents des Territoires occupés sont des dispositifs de contrôle déterminants qui contribuent à un système frontalier (bordering system) qui s’ancre sur un régime de mobilité spécifique. Elles participent de la gestion des frontières de la nation : des frontières non-linéaires, qui se sont multipliées, sont en partie dématérialisées, mobiles et réticulaires (networked) et, dans le même temps, individualisées et sans fin. Nœud et noyau du rhizome de contrôle, la prison n’est pas un isolat. En raison de la porosité entre l’intérieur et l’extérieur des facilités carcérales, entre Dedans et Dehors, elle est un lieu clef pour analyser les processus politiques et les mobilisations en Palestine, à partir des citoyennetés carcérales qui s’y élaborent. Les effets de cette imbrication entre Dedans et Dehors s’étendent non seulement à la communauté des prisonnières, des prisonniers et des anciens détenu·es mais aussi aux milieux partisans et militants, à la société, aux communautés palestiniennes de Cisjordanie, de Jérusalem, de Gaza et d’Israël, aux habitants du Golan occupé. Avec le temps, cette porosité a fondu le Dedans et le Dehors dans un ethos carcéral partagé. La toile a capté l’espace territorial, relationnel, les corps et les têtes. Ce texte se situe dans l’entre-deux entre Dedans et Dehors, à la frontière entre ces espaces. Il analyse les relations, les interconnexions entre le Dedans et le Dehors, les subjectivités carcérales de 1967 à aujourd’hui, à travers les générations carcérales qui se sont succédé. L’omniprésence de la prison a fortement agi sur les subjectivités dans les Territoires. Mode de socialisation, la prison est aussi incorporée. Elle a eu des effets profonds sur les relations de genre, les masculinités, les féminités, et sur les vécus personnels. Elle est, pour certains, un lieu sans fin dont l’emprise perdure post-mortem.
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tel-03049196 , version 1 (04-01-2021)

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Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

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  • HAL Id : tel-03049196 , version 1

Citer

Stephanie Latte Abdallah. L’illégitime. Anthropologie sociale et ethnologie. Université Paris Nanterre, 2020. ⟨tel-03049196⟩
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