Histoire d'S ou le participe passé au Rasoir d'Ockham. Théorie et application - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Hdr Année : 2017

Histoire d'S ou le participe passé au Rasoir d'Ockham. Théorie et application

Fabrice Marsac

Résumé

The French past participle agreement whatsoever, constructed without an auxiliary, used with the verb "avoir" or auxiliated by "être" is the subject we have chosen to address in this book. The least that can be said of agreement of the French past participle is that it leaves no one indifferent: purists like to see it applied as it should be, linguists want to reform it in depth, pedagogues dream to find its magic formula, users will see it either as the spearhead of grammar and observe it religiously, or as a set of preposterous instructions and sharply denigrate it, journalists point annually to the alarming decline in the level of spelling in official examination and competition papers, not to mention the legislature, who appears not to know, either, to which agreement to turn to. In response to this mass phenomenon, the traditional obedience censorship generally covers users with opprobrium, readily accused of expressing themselves, mostly in the oral form, too casually. From a strictly linguistic point of view, however, it seems illusory - and unfounded - to consider that usage could be the only factor responsible for this situation. Indeed, at a closer look, the agreement system itself is not exempt of responsibility, far from being so: firstly, because it relies on many rules, often straddling syntax and semantics, and thus requires, at a minimum, advanced capabilities in functional analysis (mostly), with all that that implies in knowledge and grammatical expertise; secondly, because it contains moult exceptions, where agreement is prescribed or because it contains numerous exceptions when agreement is prescribed or, conversely, is proscribed either against evidence, or either against linguistic intuition, not to mention various special cases, including ambivalences; thirdly, because agreement rules that come up most often, such as, for example, the position rule or that of verbs which are occasionally reflexive (pronominal), undeniably create perplexity at least, within contemporary usage. This dense set of rules, grammatical prerequisites, special cases and other exceptions to be integrated, in both oral and written forms, has succeeded in constituting today a cognitive load that many users clearly do not assume (either because they cannot do so, or either because they do not want to do so), who, when they do not simply and purely drop it out altogether, follow an individual logical substitution rule, usually simpler and faster than that observed in standard grammatical French. Not to mention the more harmful, at least from our point of view: indeed, none of the reform proposals - and God knows there have been a good amount- raised by the past participle agreement in general since the nineteenth century has succeeded so far to reconcile the different decision makers! For us, however, if the situation is alarming, it is not desperate, convinced as we are, indeed, that the past participle agreement system can be saved, and at a low cost. This, however, can be done so on one condition: return to the linguistic system itself to methodically break it down, uncover and correct errors before restarting the machine! And this is how we have chosen to submit to the entire francophone community, under the form of this theoretical work, our own idea of a reform. Not that we thought we would necessarily do better than our predecessors in terms of impact or reception, needless to say, but because we are deeply convinced that one must still and always try until one or the other of proposed linguistic reforms succeed in imposing itself, within official institutions (in schools, in universities, in grammars, in the French Academy or in the French legislation) and, above all, before the situation becomes definitely uncontrollable in the field of usage. And it is precisely this history of the past participle under Ockham's Razor that this book relates.
L’accord du participe passé français quel qu’il soit, construit sans auxiliaire, employé avec "avoir" ou auxilié par "être", tel est le sujet que nous avons choisi de traiter dans le présent ouvrage. Le moins que l’on puisse dire de l’accord du participe passé français, c’est qu’il ne laisse personne indifférent : les puristes aiment à le voir appliquer comme il se doit, les linguistes voudraient pouvoir le réformer en profondeur, les pédagogues rêvent d’en trouver la formule magique, les usagers y voient soit le fer de lance de la grammaire et l’observent religieusement, soit un ensemble de consignes abracadabrantesques et le dénigrent vertement, les journalistes titrent annuellement sur l’alarmante baisse du niveau orthographique dans les copies des examens et concours officiels, sans oublier le législateur, qui ne semble plus savoir, lui non plus, à quel(s) accord(s) se vouer. En réaction à ce phénomène de masse, la censure d’obédience traditionnelle a coutume de couvrir d’opprobre les usagers, qu’elle accuse volontiers de s’exprimer, principalement à l’oral, avec désinvolture. D’un point de vue strictement linguistique, pourtant, il paraît illusoire – et infondé – de considérer que l’usage pourrait être le seul responsable de la situation. Car à l’observer de plus près, en effet, le système d’accord lui-même n’est pas exempt de toute responsabilité, tant s’en faut : primo, parce qu’il s’appuie sur de très nombreuses règles, le plus souvent à cheval sur la syntaxe et la sémantique, et impose par là, au minimum, des capacités avancées en analyse fonctionnelle (surtout), avec tout ce que cela implique comme savoirs et savoir-faire grammaticaux ; secundo, parce qu’il contient moult exceptions, où l’accord est prescrit ou, inversement, proscrit soit contre l’évidence, soit contre l’intuition linguistique, sans compter les différents cas particuliers, dont les ambivalences ; tertio, parce que les règles d’accord qui reviennent le plus souvent, comme, par exemple, la règle de position ou celle des verbes occasionnellement pronominaux, laissent pour le moins perplexe, à l’évidence, l’usage contemporain. Or, cet ensemble dense de règles, prérequis grammaticaux, cas particuliers et autres exceptions à intégrer, pour l’oral comme pour l’écrit, en est arrivé à constituer aujourd’hui une charge cognitive que bon nombre d’usagers, manifestement, n’assument pas (soit qu’ils ne le peuvent pas, soit qu’ils ne le veulent pas), lesquels, quand ils n’abandonnent pas purement et simplement, suivent alors une logique individuelle de substitution, en général plus simple et plus rapide que celle observée par la norme grammaticale française. Sans oublier le plus dommageable, à tout le moins à nos yeux : aucune des propositions de réforme – et Dieu sait s’il y en a eu – suscitées par l’accord du participe passé en général depuis le XIXe siècle n’a visiblement réussi, jusqu’à présent, à faire s’entendre les différentes parties décisionnaires impliquées ! À nos yeux, pourtant, si la situation est alarmante, elle n’est point désespérée, convaincu que nous sommes, en effet, que le système d’accord du participe passé peut être sauvegardé, et à moindre coût. Mais à une seule condition : revenir au système linguistique lui-même pour le décortiquer méthodiquement, en mettre au jour et en corriger les erreurs avant que de relancer la machine ! Et c’est ainsi que nous avons choisi de soumettre à l’ensemble de la communauté francophone, sous la forme du présent ouvrage théorique, notre propre idée de réforme. Non que nous pensions que nous ferions nécessairement mieux que nos prédécesseurs en termes d’impact ou de réception, cela va sans dire, mais parce que nous sommes intimement convaincu qu’il faut encore et toujours essayer, jusqu’à ce que l’une ou l’autre des réformes linguistiques ainsi proposées parvienne à prendre dans les institutions officielles (l’école, l’université, les grammaires, l’Académie française ou la législation française) et avant, surtout, que la situation ne devienne définitivement incontrôlable sur le terrain de l’usage. Et c’est précisément cette histoire du participe passé au Rasoir d’Ockham que conte le présent ouvrage.

Mots clés

Domaines

Linguistique
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Citer

Fabrice Marsac. Histoire d'S ou le participe passé au Rasoir d'Ockham. Théorie et application. Linguistique. Université d'Opole, 2017. ⟨tel-02306433⟩
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