. Le-multiple, 1 Temps récupérable et avenir pur Avec Lévinas, nous devons décrire le sens du phénomène comme venant d'un enjeu qui transcendande l'immanence de la visée intentionnelle Cet enjeu est celui d'une altérité radicale, exclue positivement du pouvoir, hantant le pouvoir, allant jusqu'à diriger le pouvoir. Dans la responsabilité, il est commandement ; dans l'éros, il est mystère ; et parce qu'il a été promis à l'autre, l'être-au-monde a la manière de l'urgence. Dans ce chapitre notre question sera celle de l'intrigue-monde en tant que temporale, c'est-à-dire en

. Dans-cette-description, Lévinas distingue deux modes du temps : 1) il y a d'abord le temps récupérable, celui qui scande la conscience, c'est-à-dire celui des rétentions et des protentions, celui de la mémoire et de l'histoire, le temps du présent et de la représentation ; et 2) par ailleurs, celui de la proximité, avant toute liberté de constituer, au-delà de toute mémoire, celui de l'altérité du visage. On qualifiera le premier de temps phénoménologique ; et le second de temps éthique, ou, en empruntant le terme de Lévinas, laps : « Car le laps de temps

L. Proximité-est-irréductible-au-jeu and . Qu, entretiennent les mémoires : les rétentions et protentions, primaires (épaisseur du présent), secondaires (re-mémorations, et projets), tertiaires (supports et rythmes techniques des étants intramondains) 373 . Pour la conscience (ou l'être-au-monde), la proximité est dérangement. Contre-courant du phénomène, l'altérité dérange de son laps la temporalité phénoménologique

. .. Autrement-qu-'être, la temporalité venant de l'autre est principalement décrite comme un retard, comme un laps, qui est déjà urgence, dans Le temps et l'autre, la relation à l'autre ouvre, dans l'existence même, la dimension de l'avenir : « La relation avec autrui, c'est l'absence de l'autre ; non pas absence pure et simple, non pas absence de pur néant, mais absence dans un horizon d'avenir, une absence qui est le temps, p.374

. Autrui-est-positivement-une-absence-;-autre-que-le-phénomène, autre que le présent ; il est ce par quoi effectivement la subjectivité entre en contact avec quelque chose -quelqu'un -qui tranche radicalement sur l'ordre de la présence. Radicalement autre par rapport au présent, il ouvre au monde même la dimension de l'avenir, échappant positivement à tout projet, à tout futur, p.66

P. Glaux, autre consiste à vaincre la distance, à se rapprocher, c'est-à-dire à ramener l'étant désiré au plus prêt de la main Et la volupté du rapprochement tient à ce que le monde (ici la distance) résiste. Ici la distance est typiquement ce qui se met en travers de la route, récalcitrance, non-utilisable. Quand bien même, dans le déloignement qui fait venir l'étant désiré dans la préoccupation, l'être-éloigné de cet étant devrait être aboli, le rapprochement fait l'épreuve d'une résistance du non-utilisable de telle sorte que de l'être-éloigné subsiste toujours, Cet être-éloigné qui subsite malgré le déloignement fait tout le pathétique de l'érotisme

. Non-seulement-le-monde-résiste, Ce lien précaire, d'images et de signes, où pourtant vibre déjà tout l'enjeu d'un rapprochement, n'est pas tout le temps disponible. Il se rend indisponible, comme importunance 394 . Le contact, le toucher-l'autre est interrompu. Et il ne reste plus que la promesse : « à demain ! ». Par la promesse le pour-l'autre se prolonge déjà, hors l'instant

M. Glaux, altérité dont il est l'enjeu l'obsède et ne quitte pas sa préoccupation Glaux ne retourne pas à ses affaires, à ses autres responsabilités, la préoccupation reste orientée, avec l'urgence du désir, vers cet étant singulier. La préoccupation mobilisée vers l'autre fait face à l'inutilisable de la distance. Sans le dispositif de correspondance, par lequel la discernation déloignait singulièrement l'étant désiré, la distance s'impose dans la récalcitrance de sa nonutilisabilité, Mais la distance ne reste pas longtemps dans le régime de la nonutilisabilité en ce que déjà Glaux s'ingénie à chercher des moyens de la contourner

. Le, être doublé, pour sa réalisation, par Thomas Edison qui avait eu la même idée), mais il est aussi poête, écrivain et surtout amoureux, passioné, sensible au désir comme à un enjeu primordial de l'existence. Il est à la fois ingénieur, amoureux et poête : et sa conception

«. C-'est-même and . Lui, Glaux] qui a mis le premier en pratique tant de moyens négligés jusqu'à lui comme purement théoriques et inapplicables. Ce n'est en effet que depuis ces événements qu'on est arrivé à transmettre et à recevoir les phénomènes sonores, p.395

«. Glaux, aux heures où l'observation était close, s'enfermait en une salle et reproduisait dans des fumées et des poussières l'image mouvante de sa bienaimée , image impalpable faite de lumière seule, Il en réalisa aussi la forme immobile en subsatnces plastiques, p.397

. Dans-l-'éros, L'être-amoureux correspond à un mode de la singularisation d'une relation à autrui au-delà de l'instant -mode qui n'est pas celui seulement de la promesse et de la responsabilité, mais celui du désir. On l'a dit, à travers le régime des promesses, l'orientation de la préoccupation acquiert un cap venant de l'accumulation et de la combinaison d'une multitude d'intrigues individuelles, Mais l'être-amoureux balaye déjà toutes les autres orientations

. Glaux, Et déjà la préoccupation s'enquiert de déloigner cet étant par tous les moyens qu'elle trouve, en innovant. En l'absence de cet étant désiré, d'autres étants y renvoient, des représentations, des enregistrements, etc. L'érotisme se nourrit de tous les moyens qu'il trouve pour déloigner : en déloignant, c'est par l, p.15

. Le-désir-comme-moteur-de, Plus haut nous disions de la possession, qu'à travers elle le sujet "pouvait" donner une quantité de matière 399 (c'est à dire de jouissance), et non seulement la jouissance immédiate du corps se tenant. Nous voulons faire le même genre de constat pour la lettre et la caresse En effet, parce qu'elle est inscription du geste, qu'elle conserve une suite de gestes, plusieurs gestes, ou une quantité de geste, la lettre supporte, transmet, comme une quantité de caresse. Bien sûr, il ne s'agit pas de dire qu'ultimement il y ait quoi que ce soit de quantifiable dans la caresse. Mais dans la lettre, se rencontre un étant singulier, sur lequel est inscrit une quantité de geste ; la lettre en tant que chose tient en elle, en quelque sorte, une quantité de toucher-l'autre. Quand dans le corps* à corps*, la caresse se déploie dans l'empressement du geste, et dans l'impatience qu'il continue -dans une certaine "continuité" du geste -, par la lettre, le toucher-l'autre se déploie par à-coups : un "paquet, 1908.

. Glaux, par la promesse, il a donné tout le possible, et jusqu'à la possibilité ultime de l'impossibilité, jusqu'à l'entièreté de l'être-au-monde. Aussi, quand le possible mondain est épuisé il se range vers cette possibilité insigne par laquelle la réalisation du toucher-l'autre comme monde s'interrompt -fin de l'histoire

. Glaux, autre, obsédé par l'autrui singulier qui mobilise toute sa préoccupation. Le scuicide pour l'autre, par renoncement face à la distance, est une modalité singulière du toucher-l'autre : c'est une modalité souvent mobilisée dans les histoires racontées. C'est en fait une manière commune d'exprimer le fait que l'êtreau-monde ne signifie pas de lui-même, que sa signifiance vient de l'autre. Comme nous l'avons montré, l'être-au-monde est toujours déjà promis à l'autre

. Dans-ce-mémoire, nous aurons donc exposé le versant théorique de cette recherche, p.298

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