L'ordre des mots chez Homère : Structure informationnelle, localisation et progression du récit - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2010

Word order in Homer: Information structure, localization, and narrative progression

L'ordre des mots chez Homère : Structure informationnelle, localisation et progression du récit

Nicolas Bertrand

Résumé

In this thesis, I study the principles of word order in Homeric Greek. As it is the case in classical prose, the fundamental principle consists in aligning constituents according to the information structure (IS) of the utterance, i.e. the expression of topic and focus relations. Topic expressions differ in their ratification status. As for focus, two constructions may be identified: A narrow focus construction, where the only focused element is placed immediately before the verb, and a broad focus construction, where the verb, optionally followed by other focal elements, builds up a focus domain; The construal of this domain may be broad or narrow on its last element. Having described the expression of IS in the clause and the various contexts in which the different constructions occur, I explore the margins of the clause (pre- and postclausal positions), and I show that questions embed propositions with their own IS. In the demonstra¬tion, I make use of the prosodic partitioning of the utterance, as indicated by the position of postpositives and ratified topic expressions. Then, after studying hyperbaton in Classical and Homeric Greek, I show that tmesis, in Homer, is a kind of pseudo noun incorporation. Finally, building on this linguistic study, I reevaluate Homeric enjambment and try to identify a trope of Homeric poetry (narrative σῆμα), whereby a word (like καλός or στῆ/ἔστη) is placed in initial position in the line in order to mark the progression of the narrative.
Dans ce travail, j’étudie les principes de l’ordre des mots en grec homérique. Dans un premier temps, qui occupe les cinq premiers chapitres, je m’attache à montrer que, comme en prose classique, le principe fondamental est que les constituants sont placés en fonction de la structure informationnelle (SI) de l’énoncé, c’est-à-dire de l’expression des fonctions pragmatiques de topique et de focus. Tout au long de ma thèse, je m’appuie sur un corpus de référence de près de 3000 vers de l’Iliade et de l’Odyssée, dont j’ai fait l’analyse systématique, ainsi que sur divers sondages et corpus spécifiques (par exemple dans mon étude des négations, des vocatifs, de la tmèse, etc.).   Je décris d’abord (chapitres 1 à 3) l’expression de la SI dans la proposition et les contextes d’emploi des différentes constructions (en particulier dans la poésie homérique). J’explore ensuite (chapitre 4) les marges de la proposition : expressions topiques détachées à droite ou à gauche, vocatifs, etc. ; je montre également que la construction des interrogatives se fait à travers un enchâssement de propositions dotées d’une SI propre. La partition prosodique de l’énoncé, telle qu’elle se révèle à travers la position des postpositifs et de certaines expressions topiques, est mise à profit dans la démonstration. Puis (chapitre 5), après une étude comparée de l’hyperbate en grec classique et homérique, je montre que la tmèse lexicale (avec insertion d’un mot lexical entre le préverbe et le verbe) est, chez Homère, un procédé de pseudo-incorporation nominale. En somme, pour ce qui est de l’expression de la SI par l’ordre des mots, je conclus qu’il n’y a en grec homérique que deux constructions non attestées dans le grec postérieur : l’hyperbate sans motivation informationnelle et la tmèse lexicale.   Dans un second temps, cette analyse linguistique sert de base à une étude de la poétique de la localisation des mots dans l’hexamètre (chapitre 6). J’opère d’abord une réévaluation de l’enjambement chez Homère en tenant compte de la nature orale de la diction épique. C’est l’occasion de confronter l’analyse systématique de l’expression de la SI, dont le modèle est lié aux éléments de la proposition, avec le principe appositionnel de la syntaxe homérique. Puis je tente de mettre au jour un trope de la poésie homérique (que j’appelle « σῆμα narratif »), qui consiste à placer un mot en position initiale dans le vers pour jalonner la progression du récit. Le premier terme que j’étudie, καλός, permet, lorsqu’il est en rejet et qu’il introduit ainsi une description, de marquer la nature symbolique de l’objet qui est décrit, mais souvent aussi l’importance, dans la marche du récit, de la scène où cet objet est décrit. De même, les formes στῆ/ἔστη semblent, outre leur sens littéral, indiquer des moments clés du récit et permettre au narrateur d’en indiquer les articulations ; même l’opposition entre formes avec ou sans augment est signifiante dans cette optique. Ainsi, l’étude linguistique est mise à profit pour une analyse littéraire du texte homérique.
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Citer

Nicolas Bertrand. L'ordre des mots chez Homère : Structure informationnelle, localisation et progression du récit. Linguistique. Paris IV Sorbonne, 2010. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-01702387⟩
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