L'oeil du topographe et la science de la guerre. Travail scientifique et perception militaire (1760-1820). Directeur de thèse: M. Jacques Revel. Thèse soutenue le 29 novembre 2002 à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2002

The Topographer's Eye and the Science of War. Scientific Work and Military Perception (1760-1820)

L'oeil du topographe et la science de la guerre. Travail scientifique et perception militaire (1760-1820). Directeur de thèse: M. Jacques Revel. Thèse soutenue le 29 novembre 2002 à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

Résumé

In the French army, at the end of the 18th century and until the end of the First Empire, a group of officers, the “ingénieurs géographes” are regularly occupied with topographical work. These officers are also often in charge of “reconnaissances” which precede the attack; they do statistical inquiries, and they direct and sometimes personally realize series of battle paintings. Their objet, in all these practices, is the battle, the way it has to be prepared, and the way it has to be reproduced in documents. This particular form of scientific work is based on a so-called military logic, a system of thought that the general, who leads the action, and the topographer, who reads reality for him, have to share. Practices and methods of work model, and reveal to us, the structure of this logic. It is from the analysis of the method the topographers use for the “reconnaissance à vue” (the reconnaissances in which the only scientific instrument is the topographer’s eye) that we can deduce the utopian potential of the topographers’ activity. The topographers deal with their sight as if it had no real limits, as if training could increase indefinitely the possibilities of their senses. Everything is potentially perceptible. The perceptive utopia of the topographical officers is directly linked to the possibility of leading the whole war action. The general can control the battle only if he can see, through his eyes or those of his collaborators, the elements that compose it. The institutional conditions of the topographical activity are a part of the military logic at work. The key concept that governs the educational system of the military topographers in the Ancien Régime is the concept of talent. A talented officer is someone who is considered able to accomplish his work. Talent means that innate dispositions have been correctly trained, and that the man in which this process has been operated has become the true guarantee that the work can be made. No other guarantee is possible, if it is not based in a real, well trained person. This concept of talent will lose its validity in the 1820s, but it is still active and discussed during the First Empire, when two different educational systems are valid and operating: apprenticeship based on practice, and, on the other hand, uniform knowledge, learnt in classes, equal for all students.
Dans l’armée française de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe, un groupe d’officiers, les « ingénieurs géographes », est chargé des travaux topographiques; ces officiers s’occupent aussi des reconnaissances avant l’attaque, ainsi que des enquêtes statistiques et des peintures de bataille. Leur objet, dans toutes ces pratiques, est la bataille, la façon dont elle est préparée, et dont elle doit être reproduite dans des documents. Cette forme particulière de travail scientifique est basée sur une « logique militaire », un système de pensée que le général, qui conduit l’action, et le topographe, qui lit la réalité pour lui, doivent partager. Les pratiques et les méthodes de travail façonnent cette logique. C’est de l’analyse de la méthode utilisée pour les « reconnaissances à vue » (celles où le seul instrument scientifique est l’œil du topographe) que nous déduisons le potentiel utopique de cette activité. Les topographes traitent leur sens de la vue comme s’il n’avait pas de limites réelles, comme si l’entraînement pouvait accroître indéfiniment ses possibilités. Tout est potentiellement perceptible. L’utopie de la vision des officiers topographes est directement liée à la possibilité de la conduite de la guerre. Le général peut contrôler la bataille seulement s’il peut voir, par ses yeux ou ces de ses collaborateurs, tous les éléments qui la composent. Ce travail scientifique s’opère dans des conditions institutionnelles particulières. Le concept clé qui gouverne le système de formation des topographes militaires sous l’Ancien Régime est celui de « talent ». Un officier de talent est considéré capable d’accomplir son travail. Le « talent » signifie que les dispositions innées ont été correctement entraînées, et que l’homme dans lequel ce processus a été opéré est devenu la vraie garantie de l’accomplissement du travail. Il n’y a pas d’autre garantie possible, si elle n’est pas basée sur une personne réelle et entraînée. Ce concept de talent perdra sa validité dans les années 1820, mais il opère encore pendant le Premier Empire, quand deux différents systèmes de formations sont actifs : l’apprentissage basé sur la pratique, d’un coté, et, de l’autre, l’enseignement en classe de connaissances uniformes, égales pour tous les étudiants.
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Citer

Valeria Pansini. L'oeil du topographe et la science de la guerre. Travail scientifique et perception militaire (1760-1820). Directeur de thèse: M. Jacques Revel. Thèse soutenue le 29 novembre 2002 à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.. Histoire, Philosophie et Sociologie des sciences. EHESS - Paris, 2002. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-01416852⟩
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