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Thèse Année : 2004

Research on the Lexicon of Streets in Ancient Greek

Recherches sur les noms de la rue en grec ancien.

Résumé

This study deals with the lexicon of streets in ancient Greek, mainly ἡ ἄγυια, ὁ στενωπός, ἡ ῥύμη, ἡ λαύρα, τὸ ἄμφοδον, ἡ πλατεῖα and their families, but also, in less detail, ἡ ὁδός, ἡ ἁμαξιτός, ἡ λεωφόρος, ξενὶς/ξενικὴ ὁδός, βασιλικὴ ὁδός, ἀστία/ἀστικὴ ὁδός,ἡ ἀτραπός, ἡ/ὁ τρίβος, ὁ τριμμός, ἡ δίοδος and ὁ δρόμος
L'étude a porté sur les noms de la rue, c'est-à-dire sur les désignations de la voie urbaine en grec ancien, par opposition à celles de la voie rurale, qui sont apparues largement indépendantes. Le corpus comprend les textes documentaires aussi bien que littéraires. L'étude systématique a concerné une période allant des poèmes homériques (le mycénien n'ayant rien de pertinent en la matière) à la fin du IIe s. ap. J.-C., mais de nombreux sondages ont été faits jusqu'en grec byzantin. Les données archéologiques concernant les réseaux de rues montrent la prééminence, au moins idéale, du plan orthogonal dès l'époque archaïque. 1) panorama. On a d'abord tenté de situer ἡ ὁδός, d'après ses emplois dans les poèmes homériques, en attique classique, chez Polybe, dans les inscriptions d'Asie Mineure, le Nouveau Testament et la documentation papyrologique. Après avoir étudié brièvement les noms de la route (surtout ἡ ἁμαξιτός, ἡ λεωφόρος, ξενὶς/ξενικὴ ὁδός, βασιλικὴ ὁδός et ἀστία/ἀστικὴ ὁδός) et du chemin (ἡ ἀτραπός, ἡ/ὁ τρίβος, ὁ τριμμός, etc.), on a examiné quelques cas particuliers, notamment ceux de ἡ δίοδος et ὁ δρόμος. 2) ἡ ἄγυια. Ce mot est étudié en premier parce qu'il s'agit du nom spécifique de la rue dans l'épopée homérique. Une mise au point est faite au sujet de l'accentuation et de l'étymologie, inconnue. En dehors de la tradition poétique, le mot survit dans le vocabulaire religieux, mais aussi dans une série d'emplois d'interprétation délicate. Il semble qu'en éléen et en Égypte hellénisitique et romaine, notamment, ἄγυια désigne une rue spéciale, prestigieuse. Il reste difficile de distinguer la survivance dialectale du poétisme. L'hapax latin agea pourrait enfin être un emprunt à ἄγυια, mais cette hypothèse rencontre des difficultés réelles. 3) ὁ στενωπός. Les premiers emplois et l'étymologie montrent qu'il s'agit à l'origine d'un adjectif signifiant "à l'ouverture étroite". En attique classique, il désigne une voie urbaine, la voie étant conçue comme un passage étroit dans la masse de l'habitat. Le trait sémantique de l'étroitesse passe bientôt au second plan et il ne s'agit plus nécessairement d'une ruelle. À l'époque romaine, le mot, par ailleurs totalement absent du corpus épigraphique, devient le terme favori des atticistes pour désigner la rue. 4) ἡ ῥύμη. Ce mot, à l'origine un synonyme de ὁρμή, sans doute passé à la désignation de la rue par une métaphore de la voie comme mouvement, est le concurrent malheureux de στενωπός dans les textes littéraires d'époque romaine. Il apparaît en fait surtout dans des textes caractéristiques de la koiné hellénistique (Polybe, Septante, les papyrus, etc.) et est particulièrement fréquent en Égypte. 5) ἡ λαύρα. Ce terme désigne dans l'Odyssée un couloir du palais d'Ithaque, mais dès Hipponax et à l'époque classique, il s'agit d'une voie urbaine fortement caractérisée comme marginale, c'est-à-dire d'une venelle. Le trait sémantique de la marginalité a pu toutefois passer à l'arrière-plan, et λαύρα désigner la rue en général, puis, par une métonymie, le quartier, notamment en Sicile hellénistique et en Égypte hellénistique et romaine. La remarquable disponibilité de λαύρα pour le déplacement de sens est au reste attestée par les significations marginales d'"égout", "sentier" et "boyau rocheux", et à partir du VIe s. ap. J.-C. "monastère (idiorhythmique)". 6) τὸ ἄμφοδον. Dans ses premières attestations, en attique classique, le mot désigne une parcelle urbaine rectangulaire ("ce qui est entre deux ὁδοί"). Dès l'époque hellénistique, la plupart des occurrences explicites attestent en revanche le sens de "quartier". Mais la rue passe au premier plan dans certains textes à partir du Ier s. de notre ère, et surtout à partir du IVe. L'évolution d'ἄμφοδον est donc symétrique de celle de λαύρα. 7) ἡ πλατεῖα. Le dernier chapitre est consacré à πλατεῖα (ὁδός), qui est à part comme la seule désignation spécifique d'une rue principale. L'étude systématique des occurrences de πλατεῖα montre que le mot ne désigne jamais une place dans l'Antiquité. Il s'agit toujours d'une avenue, c'est-à-dire d'un des axes principaux de la ville, reliant souvent une porte à une agora, fréquemment pavé et flanqué de portiques à l'époque romaine. Une enquête rapide sur l'emprunt latin platea confirme qu'ici aussi le sens de "place" est tardif. Les conclusions générales de l'étude sont multiples. Il est d'abord remarquable, quoique peu surprenant (cf. uicus), que les noms de la rue en grec ancien soient associés à ceux du quartier. Ensuite, l'histoire de στενωπός et de λαύρα montre comment un mot désignant une rue marginale peut finir par désigner une rue ordinaire. Il apparaît enfin que le système des désignations de la voie urbaine est constamment en mouvement, alors même que la nature du tissu urbain, toujours voué en principe à la régularité, ne semble guère changer entre la fin de l'époque archaïque et l'Antiquité tardive. Cette étude a donc permis de préciser les diverses images que les Grecs ont eues des rues et de leur hiérarchie.
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  • HAL Id : tel-01327974 , version 1

Citer

Julien Du Bouchet. Recherches sur les noms de la rue en grec ancien.. Etudes classiques. Université Paris X Nanterre, 2004. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-01327974⟩
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